Le facteur chance
Au lendemain de l’élection de Valérie Plante à la mairie de Montréal, les analyses se font toutes plus savantes les unes que les autres pour expliquer ce que les observateurs politiques n’avaient pas envisagé, en l’occurrence sa victoire. Certains anticipent même les effets sur le prochain scrutin provincial, ils sous-estiment toutefois la chance extraordinaire dont a profité la nouvelle élue en se retrouvant dans une lutte à deux.
DES AMALGAMES TROMPEURS
La volonté irrépressible de changement de la part d’électeurs exaspérés par des politiciens professionnels et la grisaille du paysage politique sert largement aux observateurs pour expliquer la victoire de Valérie Plante et la juxtaposer à des Macron, Trump, Layton ou Trudeau. L’explication, bien que séduisante, perd cependant de son charme quand nous y regardons de plus près.
Emmanuel Macron poursuit sensiblement les mêmes politiques que son prédécesseur François Hollande et n’eût été les problèmes de probité de François Fillon, il n’aurait pas été en lice pour le second tour avec une France résolument tournée vers la droite. Donald Trump a bénéficié de l’antipathie à l’égard d’hillary Clinton et de l’aveuglement du Tea Party encore plus à droite. La vague orange de Jack Layton au Québec n’a pas empêché l’avènement de la nouvelle vague d’austérité prônée par Philippe Couillard. Quant à Justin Trudeau, il est peut-être monsieur sourire, cela ne l’empêche malheureusement pas de s’inscrire dans une descendance quasi monarchique qui préserve les pratiques libérales douteuses d’antan.
NE PAS CHANGER
Le charisme de Valérie Plante est indéniable et sa compétence se révèle au grand jour. Elle a joui d’une conjoncture favorable avec comme seul opposant un maire qui ne faisait pas campagne et irritait une majorité de Montréalais. Son principal défi sera de demeurer ce qu’elle est et de prendre résolument parti pour les citoyens en faisant autrement malgré un tableau mondial fortement chargé de déconvenues.