Le Journal de Quebec

Accro aux jeux vidéo à 4 ans

Une mère raconte le combat de son fils pour vaincre sa dépendance

- Daphnée Dion-viens l daphneedv

« Mon fils a toujours été ben gamer, depuis qu’il est tout petit. Mais à un moment donné, en première secondaire, ç’a débordé, au point où il ne voulait plus aller à l’école. Il devenait agressif quand on lui disait d’arrêter de jouer. C’était rendu maladif. »

Maxim (nom fictif) a toujours été intéressé par les écrans, raconte sa mère, que nous appelleron­s Julie. « Dès l’âge de 3 ans, l’ordinateur l’intéressai­t, il jouait à des jeux vidéo. Au début, j’étais fière de le voir aller. Je n’avais pas remarqué que ça pouvait être dangereux de le laisser toucher à ça. »

Vers l’âge de 4 ou 5 ans, Maxim a commencé à faire de violentes crises lorsque sa mère le « débarquait » de l’écran. « Ça pouvait durer 15 à 20 minutes. Il fallait que je l’isole, que je le mette dans sa chambre. C’était physique, il se débattait. C’était vraiment quelque chose. » Par la suite, Julie a réussi à mieux encadrer les périodes de jeu en établissan­t des règles claires. « On était toujours en négociatio­ns là-dessus, mais les crises ont diminué avec la structure qu’on avait mise en place pour encadrer le jeu. »

La famille a ensuite déménagé dans une plus grande maison, avec un sous-sol. Maxim a commencé à se lever la nuit pour aller jouer aux jeux vidéo. Julie a resserré les règles, confisqué les consoles de jeu. Son fils était alors en quatrième année.

LES JEUX VIDÉO AVANT L’ÉCOLE

Quelques semaines après son entrée à l’école secondaire, rien n’allait plus. Maxim se réfugiait dans les jeux vidéo et n’allait à l’école qu’une à deux journées par semaine. Julie apprendra plus tard que son fils était alors victime d’intimidati­on à l’école.

« Ça diminuait son anxiété sur le moment, c’était plus facile pour lui de jouer que de retourner à l’école et d’affronter ça, raconte-t-elle. C’était stressant, parce que, comme parent, je n’avais plus aucun contrôle. Il n’était plus bien dans rien. C’était des crises, des colères, ça a vraiment été une période très difficile. Il se refermait sur lui-même et je n’avais pas de manuel pour me dire quoi faire », raconte Julie, qui travaille elle-même comme éducatrice spécialisé­e auprès d’adolescent­s.

Se sentant démunie malgré sa formation, Julie est alors allée cogner à la porte du centre Cyber-aide et du CLSC. Après un suivi avec une travailleu­se sociale, Maxim a finalement été pris en charge par le Directeur de la protection de la jeunesse (DPJ) et s’est retrouvé en famille d’accueil, pendant un mois.

MEILLEURE RELATION

« Il fallait qu’il se passe quelque chose, raconte Julie. Notre relation était rendue telle qu’on se criait tout le temps après. C’était vraiment intense. Je paniquais. Je voyais qu’il mettait son avenir en jeu en n’allant pas à l’école. »

Lorsque Maxim est revenu à la maison, des règles claires ont été établies. « Il y a des ajustement­s à faire, mais maintenant, ça va », raconte Julie, un an et demi après cette période difficile.

Leur relation s’est améliorée et c’est maintenant Maxim qui a un oeil sur son petit frère de 5 ans, qui aime aussi beaucoup jouer à l’ordinateur. « Il me dit souvent : “Tu ne devrais pas le laisser jouer trop longtemps.” Je le félicite, parce que ça veut dire qu’il a fait un gros bout de chemin là-dedans », raconte sa mère. Mais Julie sait que Maxim restera toujours fragile.

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