Manifestation monstre à Barcelone
Plus de 750 000 personnes sont descendues dans les rues pour la libération des dirigeants indépendantistes
BARCELONE | (AFP) Des centaines de milliers de manifestants ont réclamé hier, à Barcelone, la remise en liberté des dirigeants indépendantistes catalans emprisonnés, une démonstration de force d’un mouvement qui se réorganise après une déclaration d’indépendance de la Catalogne annulée par la justice espagnole.
« Liberté pour les prisonniers politiques », « Nous sommes une république », clamaient deux banderoles en tête du cortège, tenues par des proches des 10 dirigeants incarcérés, tandis que les cris de « Liberté ! » « Indépendance ! » ou « Forces d’occupation, dehors ! » fusaient.
Cette mobilisation devait servir de test pour le mouvement indépendantiste avant des élections cruciales convoquées pour le 21 décembre dans cette région placée sous la tutelle de Madrid.
INDIGNATION ET FIERTÉ
La manifestation a rassemblé plus de 750 000 personnes, selon la police.
Un message du président catalan destitué, Carles Puigdemont, désormais installé à Bruxelles, a été diffusé au cours du rassemblement pour appeler les indépendantistes à « se faire entendre de tout le monde ».
« Europe, où es-tu ? » demandaient des pancartes en anglais dans la manifestation.
Bien que la déclaration d’indépendance – votée le 27 octobre par 70 des 135 députés catalans – soit restée sans effet et ait été annulée par la justice espagnole, des manifestants affirmaient leur détermination à la voir aboutir un jour.
« Si nous n’y arrivons pas, nos enfants y arriveront », voulait croire Rocio Morata Cabello, une dirigeante d’entreprise de 42 ans, présente avec ses filles adolescentes. Elle disait ressentir à la fois « de la colère, de l’indignation, mais aussi de la fierté » de voir tant de gens dans les rues.
« PUIGDEMONT PRÉSIDENT ! »
« C’est aux citoyens de se mobiliser, les hommes politiques n’ont pas fait leur travail », lançait Robert Muni, accompagné de ses deux garçons.
Le slogan « Puigdemont est notre président ! » a été maintes fois scandé.
Visé par un mandat d’arrêt européen à la demande de la justice espagnole, il se trouve dans la capitale belge depuis le 30 octobre avec quatre membres de son gouvernement.
Même si le départ de Carles Puigdemont « peut paraître égoïste, je le comprends », disait Maria Angels Quintana, une habitante d’un village voisin de Barcelone, car « s’il n’était pas parti en Belgique, il serait lui aussi en prison » et sa présence à Bruxelles « peut servir à attirer l’attention de l’europe ».