VENGEANCE dans l’exubérance du Brésil
Après avoir conquis les lecteurs avec une trilogie se déroulant en Mongolie, le romancier français Ian Manook les entraîne cette fois dans toute l’exubérance et l’exotisme du Brésil dans un nouveau roman noir, Mato Grosso.
De passage dans une petite ville du Mato Grosso, région du centre-ouest du Brésil, Haret, un jeune voyageur, se lie d’amitié avec des gens du coin, dont le commissaire Santana. Il tombe amoureux d’angèle, une Française exilée là-bas. Angèle le laisse tomber pour un journaliste venu enquêter sur une histoire de corruption.
Jaloux, malheureux, Haret finit par assassiner son rival avant de fuir le pays. Des années plus tard, devenu écrivain, il a raconté toute cette histoire. Invité au Brésil, il retourne sur les lieux de l’intrigue pour en parler et Santana lui raconte les conséquences funestes de son roman.
PLUME INSPIRÉE
Ian Manook, avec une plume exubérante et inspirée, évocatrice des paysages de cette région sud-américaine, propose un roman dans un roman dans la quatrième mouture de Mato
Grosso, qu’il a mis plusieurs années à écrire. « Depuis que j’écris, j’ai décidé d’écrire sur les pays où j’aimais voyager. Ce sera une règle pour les romans à venir. Donc, j’ai aimé voyager au Brésil, et c’était vraiment un voyage de jeunesse, un voyage formateur. C’était 13 mois sur place qui concluaient plus de deux ans de voyages », dit-il en entrevue. « À l’époque, je suis revenu en parlant bien brésilien. Je me débrouille encore quand j’y retourne et que je passe une dizaine de jours sur place. Ça revient. » Il avait écrit une première mouture de Mato
Grosso à son retour du Brésil. « Je l’ai laissé de côté et au cours des 40 ans qui ont suivi la première version, je l’ai réécrit deux fois. [...] Ce n’est qu’après avoir eu l’expérience du roman noir et du polar que j’ai eu l’idée de cette nouvelle qui me permettait de garder une version ancienne, en l’enchâssant dans un récit qui était un peu plus polar. »
Ian Manook s’intéresse surtout, dans le roman noir, au fond social ou politique. « Ce qui m’importe, c’est le pays tel que je l’ai aimé et en même temps, souvent, quelques-uns des problèmes que le pays connaît ou a connus. J’ai fait ça dans les trois polars mongols et je pense que je l’ai fait un peu dans Mato Grosso. Il y a le côté plus littéraire de ce que j’avais commencé à faire il y a longtemps. »
MATÉRIAU EXTRAORDINAIRE
Le Brésil présente un matériau extraordinaire pour un travail d’écrivain, assure-t-il. « C’est un pays gigantesque avec une tonne de choses différentes à voir et des cultures différentes. [...] Le Mato Grosso est un peu oublié de tout le monde et il est plus riche en faune, en flore et en culture indienne que l’amazonie. »
« C’est un magnifique réservoir à sensations et c’est un pays qui est beau, qui est riche en couleurs, en musique, en culture, en traditions. Vraiment, je pourrais écrire dix romans sur le Brésil, en changeant de régions ! Parmi mes auteurs préférés, il y a Jorge Amado, qui a fait ça très bien. »
Ian Manook parle aussi d’un autre auteur important dans son roman : Stefan Zweig. Un Autrichien de la bonne société qui est allé mettre fin à ses jours à Petropolis. « Il a su parler tropiques comme peu ont su le faire. C’est quelqu’un qui sait écrire sur les sentiments. J’utilise un de ses titres dans Mato Grosso – La confusion des
sentiments. C’est un titre fort et un livre fort. »