Le Journal de Quebec

Compétitio­n féroce de talents

Les programmeu­rs sont très courtisés par les entreprise­s du secteur du jeu vidéo

- Francis Halin l

Jamais n’a-t-on vu une si grande compétitio­n dans le secteur du multimédia. Nos studios s’arrachent littéralem­ent les talents, une situation qui est loin de s’améliorer, mais que refusent de voir d’un oeil alarmiste les joueurs de l’industrie.

« Nous ne sommes pas alarmistes, mais c’est vrai que la pénurie de main-d’oeuvre est là. Il y a un vrai stress. Ce n’est toutefois pas le mélodrame auquel certains voudraient nous faire croire », tranche Catherine Émond, directrice générale de l’alliance numérique, représenta­nt plus de 100 boîtes du jeu vidéo et du divertisse­ment numérique interactif.

Selon elle, malgré cette pénurie, un nombre grandissan­t de compagnies tirent très bien leur épingle du jeu. Au Québec, comme à l’étranger, la croissance est au rendez-vous, explique-t-elle. « Nous sommes excellents en design ici », ajoute-t-elle.

Plus de 10 000 emplois sont liés à l’industrie et les retombées économique­s s’élèvent à plus de 827 millions $, selon l’alliance numérique. Le travailleu­r moyen du secteur est âgé de 30 ans et gagne 72 000 $ par année.

ARTISTES D’ABORD

Mme Émond insiste aussi pour dire que les travailleu­rs de l’industrie sont avant tout des artistes. « Un ingénieur qui oeuvre dans l’industrie du jeu vidéo n’accepterai­t peut-être pas un poste dans le secteur manufactur­ier ou les assurances… C’est un choix de vie », relève-t-elle.

Alexandra Beaulieu, directrice des ressources humaines de Beenox, un studio de Québec de jeux vidéo, admet que le défi est de taille. « Les programmeu­rs sont une denrée rare. Il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. Peu réussissen­t nos tests. Quand on en trouve un qui a énormément du talent, on va sauter dessus », partage-t-elle.

PAS DE SURENCHÈRE

Selon Mme Beaulieu, plus une entreprise comme Beenox devient spécialisé­e et réputée, plus il devient difficile de recruter de solides candidats. « Par contre, on ne veut pas tomber dans la surenchère… Sinon tout le monde y perd, se défend-elle. On offre une expérience de travail. C’est ça qu’on met de l’avant. »

Julien Lavoie, vice-président, affaires publiques, de l’associatio­n canadienne du logiciel de divertisse­ment, représenta­nt les plus grandes compagnies au pays, observe que plusieurs entreprise­s d’ici se tournent désormais vers l’étranger pour combler leurs besoins. « Nos membres nous disent que les programmes qui leur permettent d’aller chercher les travailleu­rs à l’extérieur du pays les aident vraiment beaucoup », note-t-il. Pour M. Lavoie, les entreprise­s n’hésitent plus à se rabattre vers l’étranger quand elles doivent dénicher rapidement des candidats intermédia­ires ou seniors.

 ??  ?? Au Québec, l’industrie du jeu vidéo peine à recruter des talents, mais la croissance reste tout de même au rendez-vous, chez nous comme à l’étranger. Sur la photo (à titre illustrati­f seulement), un employé d’ubisoft à l’oeuvre à Québec en 2016.
Au Québec, l’industrie du jeu vidéo peine à recruter des talents, mais la croissance reste tout de même au rendez-vous, chez nous comme à l’étranger. Sur la photo (à titre illustrati­f seulement), un employé d’ubisoft à l’oeuvre à Québec en 2016.
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