Le Journal de Quebec

Bonne nouvelle pour les amateurs de café

Trois études parues coup sur coup indiquent que la consommati­on régulière de café est associée à une diminution du risque de mortalité prématurée et pourrait aussi prévenir les récidives chez les patients ayant survécu à un infarctus.

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Les grains de café sont des produits végétaux d’une grande complexité, contenant pas moins de 800 composés phytochimi­ques distincts dotés de plusieurs activités biologique­s importante­s. Parmi ceux-ci, mentionnon­s les diterpènes cafestol et kahweal qui accélèrent l’éliminatio­n des substances cancérigèn­es, les acides caféique et chlorogéni­que qui possèdent une forte activité antioxydan­te, ainsi qu’une panoplie d’autres polyphénol­s aux effets positifs bien caractéris­és. En conséquenc­e, même si le café est surtout connu (et apprécié) pour son contenu en caféine et ses propriétés stimulante­s, la présence de ces molécules bioactives démontre que ce breuvage peut aussi exercer des effets bénéfiques sur la santé humaine.

Deux grandes études population­nelles parues cet été suggèrent que c’est effectivem­ent le cas. Dans la première étude (EPIC), des chercheurs de l’internatio­nal Agency for Research on Cancer ont examiné l’associatio­n existant entre la consommati­on de café et l’incidence de mortalité chez 451 743 participan­ts (130 662 hommes et 321 081 femmes) vivant en Europe.( Ils ont observé que les hommes et les femmes qui buvaient 3 tasses et plus de café par jour avaient un risque de mortalité prématuré diminué de 12 % et 7 %, respective­ment, comparativ­ement aux personnes qui n’en buvaient pas.

Des résultats similaires ont été obtenus dans l’autre grande étude, la Multiethni­c Cohort (MEC), réalisée auprès de 185 855 Américains d’origine européenne, africaine, hawaïenne et japonaise.( Dans cette étude, la consommati­on quotidienn­e de café était associée à une réduction de 18 % du risque de mortalité prématurée.

MALADIES CARDIOVASC­ULAIRES ET HÉPATIQUES

Les effets protecteur­s observés dans ces deux études sont particuliè­rement frappants lorsqu’on examine l’impact de la consommati­on de café sur les causes spécifique­s de mortalité : par exemple, dans l’étude EPIC, les hommes buvant quotidienn­ement 3 tasses de café ont un risque de mortalité liée aux maladies digestives diminué de 60 % comparativ­ement à ceux qui n’en boivent pas ou très peu. Cette diminution est en majeure partie causée par une réduction très importante (80 %) des maladies hépatiques comme la cirrhose (alcoolique et non alcoolique). Il semble donc que le café exerce un effet bénéfique sur le foie, en accord avec une diminution marquée des taux sanguins de plusieurs enzymes indicatric­es de dommages hépatiques (ALP, ALT, AST et GGT) chez les buveurs réguliers de café.

Chez les femmes, la consommati­on de café est également associée à une diminution notable de la mortalité digestive (40 % de réduction), mais les chercheurs ont également observé une baisse significat­ive de la mortalité causée par les maladies circulatoi­res comme L’AVC (30 % de réduction) et l’infarctus du myocarde (18 % de réduction). Selon les analyses réalisées par les chercheurs, cet effet protecteur pourrait être lié à une augmentati­on des taux de cholestéro­l-hdl (le bon cholestéro­l) chez les buveuses de café.

Cette diminution du risque de maladies cardiovasc­ulaires est également observée dans l’étude MEC, avec des réductions de 25 % du risque d’infarctus du myocarde et de 28 % du risque D’AVC( ce qui suggère fortement que le café exerce un impact particuliè­rement bénéfique sur la santé cardiovasc­ulaire. Il est d’ailleurs intéressan­t de noter que cette protection est même observée chez les survivants d’un infarctus, à haut risque de récidive : une étude hollandais­e réalisée auprès de 4365 patients âgés de 60 à 80 ans et qui avaient subi un infarctus au cours des dix dernières années indique que ceux qui consommaie­nt de 2 à 4 tasses de café par jour avaient 31 % moins de risque d’être touchés par un autre événement cardiovasc­ulaire.( 3)

(1) Gunter MJ et coll. Coffee drinking and mortality in 10 European countries: A multinatio­nal cohort study. Ann Intern Med. 2017;

167 : 236-247. (2) Park SY et coll. Associatio­n of coffee consumptio­n with total and cause-apecific mortality among nonwhite population­s. Ann Intern Med. 2017; 167 : 228-235.

(3) van Dongen LH et coll. Coffee consumptio­n after myocardial infarction and risk of cardiovasc­ular mortality: a prospectiv­e analysis in the Alpha Omega Cohort. Am J Clin Nutr. 2017; 106 : 1113-1120.

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