Le manque d’engagement d’ottawa est dénoncé
Le plan actuel du gouvernement ne prévoit le déploiement que de 200 militaires
OTTAWA | Promesse brisée, coquille vide, trop peu trop tard… L’annonce concernant la participation du Canada dans les opérations de paix de L’ONU a provoqué un déluge de critiques hier.
Plus de 15 mois après avoir promis de déployer jusqu’à 600 soldats, le gouvernement Trudeau a présenté les grandes lignes d’un plan qui ne révèle aucun lieu ni de chiffres précis sur les ressources mobilisées.
Ottawa a réitéré hier qu’un maximum de 600 militaires pourraient être déployés sur cinq ans, mais ce chiffre pourrait être beaucoup plus bas. Le plan du fédéral n’engage à l’heure actuelle que 200 militaires.
Les ressources seront d’ailleurs attribuées à la pièce, en fonction des besoins de l’organisation des Nations unies (ONU), plutôt que de privilégier un engagement massif.
« La nature des conflits a changé, la nature des opérations de paix aussi », a justifié le premier ministre lors de la confé- rence de L’ONU sur le maintien de la paix, à Vancouver, en Colombie-britannique.
COQUILLE VIDE
« C’est la montagne qui accouche d’une souris, a commenté Bruno Charbonneau, chercheur à la Chaire Raoul-dandurand et spécialiste des opérations de paix. Il y a de grandes initiatives, mais pas d’engagements précis. C’est très décevant. »
« Les libéraux arrivent avec un plan qui est très loin de ce qui était annoncé. C’est jouer avec les Canadiens », a déploré le porte-parole conservateur adjoint en matière de défense, Pierre Paul-hus.
Selon le Nouveau Parti démocratique, le gouvernement a mis trop de temps pour présenter un si petit engagement.
« Avant, nous étions des vrais leaders. Ce n’est pas une annonce qui reflète notre position historique », a critiqué le chef Jagmeet Singh.
Essentiellement, Ottawa se tourne vers l’assistance technique et la formation.
Le Canada mettra notamment à la disposition de L’ONU deux équipes de soutien aérien et une unité d’intervention rapide d’environ 200 personnes.
Quant à la formation, le fédéral prévoit envoyer jusqu’à une cinquantaine de personnes dans différents centres de formation, en plus d’aider les troupes sur le terrain dans un ou deux pays identifiés par les Nations unies.
Le gouvernement a également annoncé mercredi qu’il consacrerait 21 M$ à l’augmentation de la présence féminine dans les déploiements.
PROMESSES ROMPUES
Depuis deux ans, les libéraux ont rompu plusieurs promesses. En campagne électorale, Justin Trudeau a promis des déficits « modestes » de 10 millions. Finalement, ce déficit a presque triplé.
On a aussi promis de modifier la façon dont les Canadiens élisent leurs députés au fédéral. Justin Trudeau a finalement laissé tomber l’engagement de rendre le mode de scrutin plus juste.
Et malgré les promesses de « transparence », le gouvernement est aujourd’hui plus opaque qu’il ne l’était sous les conservateurs de Stephen Harper, a conclu la commissaire à l’information du Canada.
— Avec Guillaume St-pierre