Le Journal de Quebec

Une loi pour rendre la vie dure aux intimidate­urs

Les donneurs d’ouvrage publics seront obligés de dénoncer toute situation de violence à la CCQ

- Marc-andré Gagnon l ∫ MAGAGNONJD­Q

Le gouverneme­nt entend obliger les donneurs d’ouvrage publics à dénoncer toute situation de violence ou d’intimidati­on sur les chantiers de constructi­on.

Si l’assemblée nationale adopte le projet de loi déposé hier par la ministre du Travail, Dominique Vien, les entreprise­s de constructi­on qui font affaire avec le gouverneme­nt auront l’obligation de rapporter ce genre de situation à la Commission de la constructi­on du Québec (CCQ).

Les pouvoirs d’enquête de la CCQ seront du même coup élargis. Ses inspecteur­s pourraient utiliser le matériel informatiq­ue présent sur un chantier ainsi que tout élément sonore ou visuel en guise de preuve.

REPRÉSENTA­TION D’UN SYNDICAT

Ceux qui posent des gestes de violence ou d’intimidati­on perdraient également le droit de diriger ou de représente­r une associatio­n syndicale ou patronale.

Comme il s’agit de mesures donnant suite aux recommanda­tions de la commission Charbonnea­u, la ministre du Travail s’attend à une réponse positive de la part des différents acteurs de l’industrie.

« Je ne pense pas que ça va causer de soucis ni de résistance, a commenté Mme Vien en marge du conseil des ministres. Les recommanda­tions de Mme Charbonnea­u sont publiques, sont connues, alors les gens s’attendent à ce qu’on donne suite à tout ça. Tout simplement. »

LANCEURS D’ALERTE

Le projet de loi 152 suggère aussi des moyens pour mieux protéger les lanceurs d’alerte. Il prévoit notamment une immunité contre les poursuites civiles et une protection contre les représaill­es à toute personne qui communique à la Commission de la constructi­on du Québec une informatio­n concernant un acte de violence ou d’intimidati­on.

Pour éviter que des infraction­s demeurent impunies, comme la commission Charbonnea­u l’a démontré dans son rapport déposé il y a deux ans, le délai de prescripti­on pour intenter un recours ou une poursuite serait porté d’un an à trois ans.

MONDE MUNICIPAL

Le ministre des Affaires municipale­s, Martin Coiteux, a déposé lui aussi une pièce législativ­e donnant suite à la commission Charbonnea­u, cette fois à deux recommanda­tions concernant le resserreme­nt des règles d’après-mandat dans le monde municipal.

Il a toutefois reporté à plus tard l’améliorati­on du régime de protection des lanceurs d’alerte et la révision du processus de vérificati­on dans les municipali­tés. Le ministre Coiteux a accepté d’en discuter avec les municipali­tés dans le cadre de consultati­ons spéciales qui auront lieu prochainem­ent.

« Depuis 2014, le gouverneme­nt du Québec travaille à la plus grande décentrali­sation des pouvoirs vers les municipali­tés de l’histoire du Québec. Cette autonomie accrue vient aussi avec plus de responsabi­lités et plus de transparen­ce », a déclaré le ministre Coiteux.

 ?? PHOTO SIMON CLARK ?? Deux ans après le dépôt du rapport de la commission Charbonnea­u, la ministre du Travail, Dominique Vien, a déposé un projet de loi visant à enrayer l’intimidati­on sur les chantiers de constructi­on. « Le fruit était mûr », a-t-elle expliqué.
PHOTO SIMON CLARK Deux ans après le dépôt du rapport de la commission Charbonnea­u, la ministre du Travail, Dominique Vien, a déposé un projet de loi visant à enrayer l’intimidati­on sur les chantiers de constructi­on. « Le fruit était mûr », a-t-elle expliqué.
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