Le voyage de Donald Trump consacre le déclin américain
Selon Donald Trump, sa tournée asiatique a été un succès retentissant. Ce voyage a toutefois révélé des signes immanquables d’affaiblissement de l’influence globale des États-unis.
À croire le président, son périple en Asie n’a été rien de moins qu’une odyssée homérique dont chaque étape a démontré l’essor extraordinaire du leadership américain sous sa gouverne.
Selon Trump, la splendeur de l’accueil qu’on lui a partout réservé démontre à quel point les États-unis sont aujourd’hui respectés comme jamais auparavant, grâce à lui.
La réalité est tout autre.
QUELQUES BONS COUPS
Il n’y a pas eu que des revers dans ce voyage. Par exemple, le séjour à Beijing a rappelé au monde la croissance rapide des liens entre entreprises américaines et chinoises.
On a aussi fait de petits progrès dans la collaboration face à la menace nord-coréenne.
Toutefois, ni les ententes économiques ni les accords militaires annoncés lors de ce voyage ne représentaient des avancées majeures.
Pour ce qui est de Trump lui-même, on peut lui donner quelques points pour avoir adouci la rhétorique incendiaire qu’il tenait envers la Chine en 2016.
CHASSEZ LE NATUREL…
Le président en a donné plus que le client en demandait. Sans doute impressionné de recevoir un accueil plus fastueux que celui que les Chinois avaient réservé à tous ses prédécesseurs, Trump s’est montré par moments presque obséquieux face à Xi Jinping.
Ses hôtes asiatiques ont compris qu’en flattant l’ego de leur invité à grands coups de faste et de cérémonies, ils pourraient se jouer de lui comme d’un violon.
En début de voyage, on avait favorablement souligné la discipline de Trump, mais son naturel est vite revenu au galop.
Plus tard, Trump est revenu à ses habitudes en distribuant les insultes sur Twitter et en bafouillant devant Vladimir Poutine sur la question de l’ingérence russe dans son élection.
L’ABANDON DU LEADERSHIP
Même s’il continue à brandir bien haut la puissance américaine, Donald Trump n’est parvenu qu’à accélérer l’affaiblissement de l’influence de son pays.
Par exemple, même si le partenariat transpacifique a des lacunes, le fait qu’il se fera sans les États-unis signifie que, comme dans le cas de l’accord de Paris, ils ne sont plus indispensables.
Face au géant chinois, les États-unis auraient été dans une position plus forte à la tête du plus grand accord de libreéchange au monde, mais Trump préfère agir seul pour promouvoir sa vision archaïque et mercantiliste du commerce.
De la part du titulaire d’un poste qui vient habituellement avec le titre de « leader du monde libre », on se serait attendu à des prises de position en faveur des valeurs démocratiques.
On a plutôt vu Donald Trump encenser le président philippin Rodrigo Duterte et passer sous silence les pratiques odieuses de son régime autoritaire.
Après ce voyage, la question n’est plus de savoir si le leadership global des États-unis est chose du passé, mais plutôt s’ils arriveront jamais à le rebâtir.