Le Journal de Quebec

Le voyage de Donald Trump consacre le déclin américain

Selon Donald Trump, sa tournée asiatique a été un succès retentissa­nt. Ce voyage a toutefois révélé des signes immanquabl­es d’affaibliss­ement de l’influence globale des États-unis.

- PIERRE MARTIN l @Pmartin_udem

À croire le président, son périple en Asie n’a été rien de moins qu’une odyssée homérique dont chaque étape a démontré l’essor extraordin­aire du leadership américain sous sa gouverne.

Selon Trump, la splendeur de l’accueil qu’on lui a partout réservé démontre à quel point les États-unis sont aujourd’hui respectés comme jamais auparavant, grâce à lui.

La réalité est tout autre.

QUELQUES BONS COUPS

Il n’y a pas eu que des revers dans ce voyage. Par exemple, le séjour à Beijing a rappelé au monde la croissance rapide des liens entre entreprise­s américaine­s et chinoises.

On a aussi fait de petits progrès dans la collaborat­ion face à la menace nord-coréenne.

Toutefois, ni les ententes économique­s ni les accords militaires annoncés lors de ce voyage ne représenta­ient des avancées majeures.

Pour ce qui est de Trump lui-même, on peut lui donner quelques points pour avoir adouci la rhétorique incendiair­e qu’il tenait envers la Chine en 2016.

CHASSEZ LE NATUREL…

Le président en a donné plus que le client en demandait. Sans doute impression­né de recevoir un accueil plus fastueux que celui que les Chinois avaient réservé à tous ses prédécesse­urs, Trump s’est montré par moments presque obséquieux face à Xi Jinping.

Ses hôtes asiatiques ont compris qu’en flattant l’ego de leur invité à grands coups de faste et de cérémonies, ils pourraient se jouer de lui comme d’un violon.

En début de voyage, on avait favorablem­ent souligné la discipline de Trump, mais son naturel est vite revenu au galop.

Plus tard, Trump est revenu à ses habitudes en distribuan­t les insultes sur Twitter et en bafouillan­t devant Vladimir Poutine sur la question de l’ingérence russe dans son élection.

L’ABANDON DU LEADERSHIP

Même s’il continue à brandir bien haut la puissance américaine, Donald Trump n’est parvenu qu’à accélérer l’affaibliss­ement de l’influence de son pays.

Par exemple, même si le partenaria­t transpacif­ique a des lacunes, le fait qu’il se fera sans les États-unis signifie que, comme dans le cas de l’accord de Paris, ils ne sont plus indispensa­bles.

Face au géant chinois, les États-unis auraient été dans une position plus forte à la tête du plus grand accord de libreéchan­ge au monde, mais Trump préfère agir seul pour promouvoir sa vision archaïque et mercantili­ste du commerce.

De la part du titulaire d’un poste qui vient habituelle­ment avec le titre de « leader du monde libre », on se serait attendu à des prises de position en faveur des valeurs démocratiq­ues.

On a plutôt vu Donald Trump encenser le président philippin Rodrigo Duterte et passer sous silence les pratiques odieuses de son régime autoritair­e.

Après ce voyage, la question n’est plus de savoir si le leadership global des États-unis est chose du passé, mais plutôt s’ils arriveront jamais à le rebâtir.

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