Des superhéros à nouveau réunis
Le film La ligue des justiciers manque toutefois de cohérence
Dans la foulée des réunions de superhéros de Marvel, les studios Warner Bros. ont décidé – surtout après les résultats financiers décevants de l’affrontement entre Batman et Superman – d’imiter la recette avec La ligue des justiciers.
Batman (Ben Affleck), Wonder Woman (Gal Gadot), Flash (Ezra Miller), Cyborg (Ray Fisher), Aquaman (Jason Momoa) et Superman (Henry Cavill), se battent tous contre Steppenwolf (voix de Ciarán Hinds), venu sur Terre pour récupérer les trois « Mother Boxes » qui lui donneront un pouvoir sans limite.
Le scénario de Chris Terrio et Joss Whedon prend du temps à placer les personnages. Après une scène de préouverture mettant en vedette Batman et exposant l’invasion des Paradémons, créatures à la solde de Steppenwolf – méchant qui fait pâle figure –, la construction de La ligue des justiciers de 119 minutes est extrêmement conventionnelle. Chaque superhéros a droit à une introduction et il s’écoule presque une heure avant que Flash rejoigne Batman et Wonder Woman. Plus d’une demi-heure est ensuite nécessaire avant qu’aquaman et Cyborg se joignent au groupe. La bataille finale est ensuite circonscrite à une vingtaine de minutes et oui, on a droit à une scène supplémentaire à la toute fin du générique, laissant augurer une suite.
PIÈTRES EFFETS SPÉCIAUX
Les effets spéciaux, tant sur terre que dans l’eau, sont de qualité inférieure à ce qu’on est en droit d’attendre d’un long métrage bénéficiant d’un budget de production de 300 millions $. Quant aux aficionados des X-men, il leur sera difficile de ne pas comparer les effets visuels de la rapidité de Flash avec ceux de Quicksilver, particulièrement mémorables. Le style visuel si particulier du réalisateur Zack Snyder ( 300, Les gardiens et Coup interdit) est noyé dans la masse, le cinéaste ne laissant libre cours à sa créativité que dans une scène, filmée sur une reprise de Everybody Knows de Sigrid.
Par ailleurs, 15 jours après la sortie de Thor : Ragnarok et cinq mois et demi après celle de Wonder Woman, il est difficile de ne pas se livrer au jeu des comparaisons. Force est de constater que La ligue des justiciers ne parvient pas à trouver une cohérence de ton et souffre d’un manque flagrant d’humour et d’autodérision, les ajouts de Joss Whedon au scénario et la bonne humeur de Wonder Woman, Flash et Aquaman ne parvenant pas à contrebalancer la morgue de Batman, Superman et Cyborg. L’interprétation de Batman par Ben Affleck est l’héritière de celle de Christian Bale dans la trilogie de Christopher Nolan, faisant donc aussi du Superman – l’anti-batman – d’henry Cavill un superhéros malgré lui, au sérieux bien lourd pour un film de divertissement.
Le succès de Wonder Woman devrait donner à réfléchir aux patrons de l’univers cinématographique de DC Comics. S’ils veulent rallier les cinéphiles à la pléthore de films prévus au cours des prochaines années, il leur faudra se détacher du legs de Nolan pour inventer un Batman plus en phase avec le besoin actuel de légèreté.