EN KAYAK dans l’arctique
Emmanuel Hussenet – Une île pour sauver la planète Parti en kayak de mer rejoindre l’île Hans, un îlot rocheux situé au nord d’iqualuit, l’écrivain et explorateur français Emmanuel Hussenet raconte son expédition et parle de l’importance de l’arctique dan
L’île Hans, située dans le détroit de Nares, sur le 80e parallèle, a fait la manchette en 2010 lorsque le Canada et le Danemark en ont tour à tour revendiqué la possession. Emmanuel Hussenet a tenté de s’y rendre – sans succès – et raconte cette expédition extrême dans le livre.
Avec sensibilité et intelligence, il témoigne de sa fascinante aventure dans un univers inhospitalier et dur, mais fragilisé par les changements climatiques, livrant ses impressions sur des lieux sauvages et rarement explorés.
« En France, d’avoir fait ça, c’est comme si je venais d’une autre planète... Souvent, les aventuriers ne s’engagent pas vraiment sur le climat, sur une réflexion ou sur une étude précise de l’aspect scientifique ou de l’aspect environnement. Ce qui est difficile, c’est d’être à la fois sur le terrain, et dans cette réflexion », partaget-il en entrevue, peu avant de s’envoler pour le Québec.
EXPÉDITION D’ENVERGURE
On réalise l’envergure de l’expédition en regardant une carte géographique indiquant la position de l’île Hans... posée comme un point minuscule entre la Terre d’ellesmere et le Groenland. « Le Grand Nord, c’est plus loin encore que le Grand Nord du Québec. Je suis allé en Terre d’ellesmere pour la première fois en 1999. C’est la première fois que j’ai eu affaire à la banquise. »
« Je n’imaginais pas ce que c’était, au départ. La banquise sur le Saint-laurent, c’est un mètre de glace et au printemps, ça fond rapidement. Mais la banquise polaire, qui a souvent quatre, cinq, six mètres d’épaisseur, parfois plus, c’est autre chose. Ça ne fond pas en été et c’est un champ de glace qui empêche toute navigation. La couverture de glace est très dense et se déplace aussi en fonction des courants et du vent. »
INQUIÉTUDE
Aujourd’hui, il prend la parole en tant qu’individu rationnel qui a une expérience du terrain et de la réalité.
« Tout ce qu’on entend autour du climat, aujourd’hui, que ce soit du côté politique ou du côté du militantisme, pour moi, ça ne va pas du tout dans la bonne direction. On discute, on discute, mais les chefs d’état n’ont pas de pouvoir et ne peuvent pas changer le monde. Et l’enjeu, aujourd’hui, est un enjeu de civilisation. Pour tout ce qui touche le rapport de l’homme à la terre, ça ne va pas aller en s’améliorant, parce qu’on est dans une société qui consomme, qui brûle ses ressources. Si on ne se remet pas en cause profondément, eh bien, rien ne changera. »
« Dans tout ce que j’entends, que ce soit les déclarations internationales ou les revendications militantes, je n’entends pas de remise en cause profonde de notre façon d’être et de notre rapport à la terre et à la nature. Et ça, ça m’inquiète énormément. À travers ce voyage – j’ai peut-être une sensibilité et une façon de voir un peu différente – j’ai envie de dire aux gens, réveillez-vous ! On est sur une terre qui a des ressources limitées. »