Le Journal de Quebec

Pas de barons du pot

- MARIO DUMONT e Blogueur au Journal Économiste, animateur et chroniqueu­r mario.dumont@quebecorme­dia.com @mariodumon­t

Nous savons maintenant qu’en raison des délais rapides d’implantati­on de la vente légale de marijuana, nous n’aurons pas le temps d’en produire du québécois. Les premiers clients de la SQC (Société québécoise du cannabis, apprenez-le !) en juillet prochain fumeront vraisembla­blement en grande partie du produit ontarien.

Progressiv­ement, une production québécoise va se mettre en place, une production qui se fera entièremen­t en serres. Les propositio­ns de la Fédération des producteur­s en serre sont cruciales. Pour éviter que cette manne ne profite qu’à une poignée de nouveaux barons du pot !

TRÈS PAYANT !

Commençons par mesurer l’ampleur de la manne. Pour vous donner une idée, on évalue la valeur de la production requise à près de 500 millions annuelleme­nt. Par comparaiso­n, la totalité de tous les légumes et fruits issus des serres du Québec au cours d’une année s’élève à… 100 millions.

Vous avez bien compris : le pot va représente­r d’un seul coup cinq fois plus de bidous que tout ce que livrent nos serres ! Cela nous rappelle que nous avons une piètre politique agricole et que nous importons trop. Nous pourrions produire bien plus, surtout avec les surplus d’hydro-québec.

Néanmoins, l’arrivée du cannabis constitue une explosion du potentiel de culture en serre. Combien en superficie de plancher en serre faudrat-il pour produire cette précieuse marijuana ? Selon les experts, environ un vingtième (1/20) des superficie­s actuelles.

En résumé, le pot est tellement lucratif qu’avec un vingtième de nos superficie­s en serre, on obtiendra une production valant cinq fois la valeur totale actuelle. Mathématiq­ue simple : la culture du pot en serre est presque CENT fois plus payante que la moyenne des autres cultures.

UNE POIGNÉE DE MILLIONNAI­RES ?

Donc, lorsque le gouverneme­nt attri- buera un permis spécial tant convoité à un producteur de cannabis, il lui fera tout un cadeau. Le gouverneme­nt, en tant qu’émetteur de ces permis en or, aura la possibilit­é de mettre au monde des magnats de la marijuana, qui vont imprimer de l’argent.

Et si l’on décidait plutôt que l’on donnera des permis plus petits à des producteur­s existants ? Si l’on décidait que ceux qui veulent obtenir un permis pour la marijuana devraient se lancer aussi dans d’autres production­s en serre ?

Si l’on décidait qu’au lieu de créer une poignée de gras dur avec ce nouveau marché on en profitait pour développer les serres, un secteur négligé de notre politique agricole ? Répartir la manne entre plusieurs producteur­s dans plusieurs régions ?

Peut-être que cela ferait des déçus. Il semble y avoir des amis du Parti libéral de Justin Trudeau qui sont prêts à passer à la caisse. Ces gens-là salivent tellement qu’ils pourraient arroser tous les plants de marijuana du pays.

Est-ce une politique sage de leur donner la poule aux oeufs d’or ?

Si le ministre de l’agricultur­e Laurent Lessard voulait redorer son blason et faire oublier le fiasco de la tempête, il pourrait devenir le champion d’une stratégie de développem­ent de la culture en serre… par le pot.

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La production de marijuana enrichira-t-elle une poignée de barons ?

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