De généreux « cadeaux » afin d’attirer des travailleurs
La région de l’abitibi s’est dotée d’un fonds de « séduction » de 150 000 $ pour attirer des candidats
Jamais les entreprises et les villes du Québec n’ont eu autant besoin de main-d’oeuvre, au point où les candidats se font désormais courtiser à coup de « cadeaux », de portes ouvertes et d’offres d’emploi alléchantes. C’est ce que Le Journal a pu constater aux quatre coins de la province lors de la préparation de notre dossier.
Dans plusieurs régions du Québec, la course contre la montre pour recruter des employés prend toutes sortes de formes :
√ Création d’un « Fonds de séduction » comprenant : visite éclair en avion payée, frais d’entrevue remboursés, déménagement gratuit. ( Aujourd’hui)
√ Des offres de terrains, de congés de taxes, etc. ( Aujourd’hui)
√ Une formation rémunérée de six semaines pour attirer des mécaniciens. ( Demain)
√ Recours à des agences de recrutement de travailleurs immigrants. ( Lundi)
√ Des portes ouvertes, comme chez Olymel et Lebreton. ( Mardi)
SÉDUIRE À TOUT PRIX
S’il y a une région au Québec qui a pris le taureau par les cornes, c’est bien l’abitibi, où une communauté s’est dotée, il y a six ans déjà, d’un outil spécial appelé « Fonds de séduction ».
« À ma connaissance, il n’y a pas d’équivalent ailleurs au Québec. En Abitibi-témiscamingue en tout cas, c’est unique », explique Pierre Corbeil, maire réélu à la tête de la Ville de Val-d’or et préfet de la MRC de La Vallée-de-l’or.
Pour lui, le Fonds de séduction lancé en 2011 est un succès, parce que l’enveloppe de près de 150 000 $ a permis la création d’une quarantaine d’emplois.
1500 $ AUX CANDIDATS
Pour attirer soudeurs, machinistes, mécaniciens et géologues, très sollici- tés par l’industrie minière notamment, le Fonds de séduction se décline en trois volets.
Un premier montant pouvant aller jusqu’à 500 $ va à l’employeur pour qu’il invite le candidat à une visite exploratoire dans la région (vol, visite et dégustation compris).
Une deuxième somme de 500 $ va à l’employé pour qu’il rembourse ses frais de déménagement.
Enfin, un troisième montant de 500 $ est donné à l’employeur 90 jours après l’embauche du travailleur. L’argent peut servir au logement de l’employé ou à tout autre besoin.
Seules les entreprises de 99 employés et moins ayant leur siège social dans l’une des six municipalités de la MRC, dont Val-d’or, Senneterre et Malartic y ont droit. Le candidat recruté doit habiter à plus de 250 km de la compagnie qui l’embauche.
UNE HISTOIRE D’AMOUR
À Val-d’or, l’ingénieur alimentaire Mouhamad Diene a mordu à l’hameçon. Le jeune homme de Québec a choisi d’y déménager grâce au fameux Fonds de séduction.
« J’ai pris l’avion. J’ai passé la fin de semaine là-bas. On a visité des magasins d’aliments naturels, une brasserie, un restaurant de poutine, des cafés », relate Mouhamad Diene.
Résultat, il est aujourd’hui directeur de production et de recherche et développement de l’usine de Cuisine Soleil qui fabrique des collations de lentilles grillées. Au mois de février prochain, il célébrera sa première année en terre abitibienne.