Le Journal de Quebec

Un voeu pieux de François Legault ?

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Le chef de la CAQ François Legault est-il en train de se peinturer dans le coin avec sa promesse de ne plus recourir à la péréquatio­n s’il prenait le pouvoir ?

Si le gouverneme­nt fédéral verse au Québec cette année 11 milliards de dollars de péréquatio­n c’est parce qu’on fait partie des provinces pauvres du Canada.

Exemple : comparons-nous à l’ontario. En termes de PIB par habitant, qui est un solide indicateur de niveau de vie et de richesse, le Québec accuse actuelleme­nt un écart de 16,6 % sur l’ontario.

C’est gigantesqu­e. Pour combler cet écart de richesse entre les Québécois et les Ontariens, il faudrait que le PIB du Québec augmente de 78 milliards de dollars. Et ainsi on pourrait se passer ou presque de la péréquatio­n.

La question politique de l’heure : François Legault fait-il preuve de réalisme lorsqu’il laisse entendre qu’un « gouverneme­nt de la CAQ » réussirait à enrichir le Québec au point où il n’aurait plus besoin de la péréquatio­n fédérale pour arrondir les fins de mois du gouverneme­nt?

D’ici le dévoilemen­t du programme économique de la CAQ, j’aimerais rappeler à M. Legault et ses conseiller­s économique­s l’état de la situation.

LA RÉALITÉ

Le Québec va recevoir cette année du gouverneme­nt fédéral la somme de 11 milliards de dollars à titre de péréquatio­n.

Si le Québec reçoit tant de péréquatio­n, c’est parce qu’on fait partie des cinq provinces « pauvres » dont la capacité fiscale par habitant tire de la patte par rapport à la moyenne canadienne. Par habitant, nous recevons 1349 $ de péréquatio­n. Dans les quatre autres provinces pauvres, Ottawa verse : Île-du-prince-édouard (2673 $ par habitant); Nouveau-brunswick (2332 $) ; Nouvelle-écosse (1886 $) et Manitoba (1419 $).

Au chapitre du revenu disponible des ménages par habitant, le Québec fait piètre figure.

Avec un revenu disponible de 27723 $ par habitant, on arrive à la queue de toutes les provinces et territoire­s. Rien de moins. L’écart avec l’ontario est de 15,6 %. Il grimpe à près de 26 % par rapport à l’alberta.

Concernant la dette provincial­e, le Québec arrive malheureus­ement en tête. Il affiche un rapport dette nette/ PIB de 46,3 %, soit le plus haut taux de toutes les provinces. Notons qu’avec les contributi­ons au Fonds des génération­s, le poids de la dette s’est allégé au fil des années.

LE PROBLÈME COMMERCIAL

Concernant le commerce internatio­nal des biens et services, notre balance commercial­e est dans le rouge de 21 milliards de dollars. C’est presque autant qu’en Ontario, dont le PIB est deux fois supérieur à celui du Québec.

En Ontario les importatio­ns dépassent de 7,7 % les exportatio­ns, alors qu’au Québec les importatio­ns surpassent nos exportatio­ns de 18,7 %. Comme on peut le voir, il y a vraiment place à améliorati­on du côté des exportatio­ns québécoise­s.

Ces divers indicateur­s économique­s montrent à quel point le Québec a besoin des 11 milliards de péréquatio­n que lui verse le fédéral.

Que le Québec réussisse à améliorer sa performanc­e économique avec la mise en place d’un train de mesures… oui ! c’est un objectif réalisable.

Mais promettre d’enrichir le Québec au point de se passer des 11 milliards de péréquatio­n, ça prend du culot.

Aux yeux de ses adversaire­s politiques, Philippe Couillard et Jean-françois Lisée, cette promesse de François Legault ne restera qu’un voeu pieux.

On verra… disait-il!

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada