Un voeu pieux de François Legault ?
Le chef de la CAQ François Legault est-il en train de se peinturer dans le coin avec sa promesse de ne plus recourir à la péréquation s’il prenait le pouvoir ?
Si le gouvernement fédéral verse au Québec cette année 11 milliards de dollars de péréquation c’est parce qu’on fait partie des provinces pauvres du Canada.
Exemple : comparons-nous à l’ontario. En termes de PIB par habitant, qui est un solide indicateur de niveau de vie et de richesse, le Québec accuse actuellement un écart de 16,6 % sur l’ontario.
C’est gigantesque. Pour combler cet écart de richesse entre les Québécois et les Ontariens, il faudrait que le PIB du Québec augmente de 78 milliards de dollars. Et ainsi on pourrait se passer ou presque de la péréquation.
La question politique de l’heure : François Legault fait-il preuve de réalisme lorsqu’il laisse entendre qu’un « gouvernement de la CAQ » réussirait à enrichir le Québec au point où il n’aurait plus besoin de la péréquation fédérale pour arrondir les fins de mois du gouvernement?
D’ici le dévoilement du programme économique de la CAQ, j’aimerais rappeler à M. Legault et ses conseillers économiques l’état de la situation.
LA RÉALITÉ
Le Québec va recevoir cette année du gouvernement fédéral la somme de 11 milliards de dollars à titre de péréquation.
Si le Québec reçoit tant de péréquation, c’est parce qu’on fait partie des cinq provinces « pauvres » dont la capacité fiscale par habitant tire de la patte par rapport à la moyenne canadienne. Par habitant, nous recevons 1349 $ de péréquation. Dans les quatre autres provinces pauvres, Ottawa verse : Île-du-prince-édouard (2673 $ par habitant); Nouveau-brunswick (2332 $) ; Nouvelle-écosse (1886 $) et Manitoba (1419 $).
Au chapitre du revenu disponible des ménages par habitant, le Québec fait piètre figure.
Avec un revenu disponible de 27723 $ par habitant, on arrive à la queue de toutes les provinces et territoires. Rien de moins. L’écart avec l’ontario est de 15,6 %. Il grimpe à près de 26 % par rapport à l’alberta.
Concernant la dette provinciale, le Québec arrive malheureusement en tête. Il affiche un rapport dette nette/ PIB de 46,3 %, soit le plus haut taux de toutes les provinces. Notons qu’avec les contributions au Fonds des générations, le poids de la dette s’est allégé au fil des années.
LE PROBLÈME COMMERCIAL
Concernant le commerce international des biens et services, notre balance commerciale est dans le rouge de 21 milliards de dollars. C’est presque autant qu’en Ontario, dont le PIB est deux fois supérieur à celui du Québec.
En Ontario les importations dépassent de 7,7 % les exportations, alors qu’au Québec les importations surpassent nos exportations de 18,7 %. Comme on peut le voir, il y a vraiment place à amélioration du côté des exportations québécoises.
Ces divers indicateurs économiques montrent à quel point le Québec a besoin des 11 milliards de péréquation que lui verse le fédéral.
Que le Québec réussisse à améliorer sa performance économique avec la mise en place d’un train de mesures… oui ! c’est un objectif réalisable.
Mais promettre d’enrichir le Québec au point de se passer des 11 milliards de péréquation, ça prend du culot.
Aux yeux de ses adversaires politiques, Philippe Couillard et Jean-françois Lisée, cette promesse de François Legault ne restera qu’un voeu pieux.
On verra… disait-il!