Le Journal de Quebec

Trop endetté à la retraite, il doit choisir la faillite

À 67 ans, Victor profitait pleinement de sa retraite. Avec un fonds de pension garanti, il se croyait à l’abri des soucis financiers. Malheureus­ement, il a lui aussi, comme tant d’autres, été happé par la spirale de l’endettemen­t…

- Emmanuelle Gril

Divorcé depuis 10 ans, Victor vit seul en appartemen­t. Il a travaillé comme col bleu municipal toute sa vie, et a pris sa retraite il y a trois ans. Son fonds de pension lui procure un revenu de 2100 $ par mois, et il touche aussi des rentes au niveau provincial et fédéral, pour un montant total de 2760 $ par mois.

Son fonds de retraite, indexé et garanti, lui a toutefois procuré un faux sentiment de sécurité. Il pensait que ce n’était pas grave de partir à la retraite avec des dettes, puisque ses revenus lui permettrai­ent malgré tout d’y faire face.

De fil en aiguille, le solde de sa carte de crédit a grimpé jusqu’à 19 000 $. Or, avec un taux d’intérêt de près de 20 % et des paiements minimums de 600 $ par mois, il ne voit pas le jour où il pourra en venir à bout.

Victor a aussi un prêt personnel de 7000 $ et une marge de crédit de 8000 $, contractés avant sa retraite, dont les remboursem­ents respectifs sont de 210 $ et de 160 $ mensuellem­ent. Au bout du compte, il doit payer 970 $ tous les mois uniquement pour s’acquitter de ses dettes. Si l’on y ajoute des dépenses personnell­es de 2440 $, il dépasse largement ses revenus de retraite.

SORTIR DU CERCLE VICIEUX

C’est pour sortir de ce cercle vicieux que Victor est allé consulter Pierre Fortin, syndic autorisé en insolvabil­ité, président de Jean Fortin et Associés. Préalablem­ent, Victor avait tenté d’obtenir un prêt de consolidat­ion, mais sans succès. Cette solution aurait pourtant été avantageus­e, lui permettant de ne faire qu’un versement unique à l’institutio­n financière prêteuse, et ce à un taux d’intérêt moins élevé que celui de sa carte de crédit. Mais les revenus de retraite sont, de par la loi, insaisissa­bles. Par conséquent, si Victor avait cessé d’effectuer ses versements, la banque n’aurait pas pu saisir ses revenus afin de se rembourser. De plus, son niveau d’endettemen­t a aussi été jugé trop élevé pour qu’on lui consente un prêt.

Aucun bien ou actif n’étant en jeu, Pierre Fortin a donc conseillé à Victor de faire faillite. Il pourra ainsi se libérer de ses dettes de cartes de crédit, mais aussi de son prêt personnel et de sa marge de crédit. Il devra toutefois verser un montant de 170 $ jusqu’à la libération de sa faillite, dans 21 mois.

Sa cote de crédit sera affectée pendant six ans, mais Victor étant à la retraite, l’impact sur sa vie économique sera moindre.

« Même si ce n’est pas de gaieté de coeur qu’il a choisi la faillite, avec 800 $ de moins par mois à payer, Victor réussira enfin à joindre les deux bouts », conclut Pierre Fortin.

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