Le Journal de Quebec

D’ingénieur à designer de mode

Un spécialist­e des télécommun­ications quitte son salaire dans les 6 chiffres pour fabriquer des complets

- CARL VAILLANCOU­RT

Un ingénieur montréalai­s a pris la décision osée de quitter son emploi dans de grandes firmes de télécommun­ications où il travaillai­t depuis plus d’une décennie pour devenir une référence de la mode pour hommes au Québec.

Jean-sébastien Siow n’a pas peur du changement. Entre 2002 et 2015, il a gravi les échelons dans différente­s firmes de télécommun­ication pour finalement occuper des postes de cadre en génie-conseil. Il a également poursuivi une maîtrise en administra­tion des affaires aux HEC Montréal en 2010 et 2011, où il avait pris une pause d’une année pour se concentrer sur ses études.

L’homme de 36 ans est revenu chez Shaw Communicat­ions en 2012. Toutefois, M. Siow a renoncé à un salaire annuel de 140000 $ en octobre 2015 pour vivre son rêve d’être son propre patron.

Il qualifie encore aujourd’hui cette décision comme étant la plus folle qu’il ait prise. « Ma femme était enceinte de 4 mois à l’époque. J’avais des économies, mais disons que j’y repense souvent. C’était une décision folle, mais j’étais rendu là », a-t-il lancé en riant.

Dans les mois qui ont suivi la création de Suitablee en octobre 2015, M. Siow a consacré plus de 60 heures par semaine à son entreprise.

Ses efforts lui ont permis de devenir en deux ans une référence dans la confection de complets sur mesure pour hommes.

La première année n’a pas été facile alors que l’entreprise n’a vendu qu’entre 5 et 7 complets par mois pour un chiffre d’affaires de 50 000 $. Son chiffre d’affaires, et non son profit, était trois fois moins élevé que son salaire de l’année précédente.

« Je ne suis pas du genre à abandonner. Ça n’a pas été facile, mais on a appris beaucoup de choses. Puis heureuseme­nt que je n’avais pas trop de dépenses fixes. Nous savions que ça allait fonctionne­r. Il faut juste être patient », a-t-il ajouté.

UN RISQUE CALCULÉ

L’homme d’origine chinoise avait eu la chance d’épargner une somme importante pendant les 8 premières années de sa carrière, puisqu’il avait fait le choix de rester chez ses parents jusqu’à l’âge de 30 ans. Il a utilisé ce coussin pour financer son changement de vie.

« Pendant que mes amis à 22 ou 23 ans emménageai­ent dans leur appartemen­t, moi j’étais chez mes parents. J’ai eu la chance d’économiser beaucoup d’argent que j’ai bien investi. C’est ce qui me permettait de prendre ce risque », a expliqué celui qui a investi près de 50 000 $ dans le démarrage de l’entreprise.

PAS DE REGRETS

Il n’a toutefois jamais regretté son choix d’avoir lancé son entreprise d’autant plus que celle-ci vient de connaître une deuxième année avec une croissance hors du commun. Le chiffre d’affaires de l’entreprise est passé de 50 000 $ en 2016 à plus de 225 000 $ en 2017, soit une hausse de 450 %.

« La croissance est incroyable. Cela me permet de croire que mon pari était le bon. Nous prévoyons encore doubler nos chiffres l’an prochain », a-t-il avoué.

Il soutient qu’il a confection­né des complets pour deux personnali­tés connues, soient l’olympien en patinage de vitesse Charles Hamelin et le receveur de passes des Alouettes de Montréal, B. J. Cunningham.

 ?? PHOTO BEN PELOSSE ?? Jean-sébastien Siow a profité de l’argent qu’il avait mis de côté avant ses 30 ans pour se lancer en affaires.
PHOTO BEN PELOSSE Jean-sébastien Siow a profité de l’argent qu’il avait mis de côté avant ses 30 ans pour se lancer en affaires.

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