Le Journal de Quebec

L’APRÈS- IRMA

LA HAVANE | Les Cubains disent souvent : « À mal tiempo buena cara. » Ce qui revient à dire, en français : faire contre mauvaise fortune bon coeur.

-

Il y a à peine quelques mois, début septembre, une bonne partie de La Havane était inondée par l’eau de mer et balayée par des vents atteignant parfois près de trois cents kilomètres à l’heure. L’ouragan Irma, qui au départ ne devait pas passer si près des côtes havanaises, s’en était donné à coeur joie pendant deux à trois jours, paralysant toute forme d’activité économique.

BELLE À NOUVEAU

Lorsque notre guide Papi vient nous chercher, deux mois après le passage de l’ouragan, le coup de balai et de peinture est presque complété un peu partout dans les zones affectées par l’ouragan. La Havane se fait de nouveau belle et aguichante.

Ici et là, des arbres déracinés témoignent encore de la violence des vents. Estrella, mon hôte, me raconte que de temps en temps, elle et sa voisine sortaient de la maison avec une lampe de poche pour observer si le gros arbre à liane, devant la maison, allait s’écrouler sous la force des vents. Celui-ci a tenu le coup heureuseme­nt, mais d’autres tout autour ont été terrassés. Seules quelques branches de son immense frangipani­er ont dû être émondées.

Le quartier Vedado de La Havane, pris en sandwich entre le Centro Habana et le quartier Miramar, ressemble à Outremont en bas, tandis que Miramar, de l’autre côté de la rivière Almendares, serait Outremont en haut, avec ses maisons cossues qui abritent ambassades, organismes internatio­naux et bureaux gouverneme­ntaux. Les rues, avenues et parcs de ces deux quartiers sont toujours ombragés grâce aux centaines d’arbres qui les enjolivent.

Un joli restaurant-café sur l’avenue du Paseo, près de l’hôtel Cohiba, a été inondé comme toutes les demeures sur les rues avoisinant­es. Rapidement, les employés ont réussi à monter à l’étage supérieur la majorité des appareils électrique­s, sauf un gros réfrigérat­eur latéral qui est une perte totale. Aujourd’hui, les traces d’irma ont disparu. On a repeint les murs et verni les portes, les fenêtres et le mobilier. Rien n’y paraît. Quant à l’hôtel Mélia Cohiba, situé directemen­t sur le front de mer, il a pu résister à l’inondation côtière grâce à un ingénieux système de pompes permettant d’évacuer rapidement l’eau de mer. Zéro dégât. Ne manque plus que le retour des touristes et des congrès.

PARC INTACT

À l’angle des rues 14 et 15, dans le même quartier Vedado, le parc dédié au célèbre artiste cubain Wifredo Lam, un contempora­in de Picasso et d’andré Breton qui représente tout à fait le métissage culturel et ethnique de l’identité cubaine, est demeuré intact. La soixantain­e d’oeuvres d’art qui y sont exposées, dédiées à Lam et réalisées par autant d’artistes, sont encore sur pied. Même traitement pour l’immense sculpture en bronze représenta­nt un oiseau tropical en vol, au centre du parc, de sept mètres de hauteur (Armand Vaillancou­rt en serait jaloux!), oeuvre du grand artiste cubain Alberto Lescay. Dans ce parc, les Havanais y viennent aussi pour clavarder, car il est devenu une des nombreuses zones Wifi de la ville.

RETOUR À LA NORMALE

Le restaurant Cuba Passion, tenu par un sympathiqu­e Turco-belge (il parle français!), tout près de l’hôtel Habana Libre, sur la rue L, n’a subi aucun dégât majeur. Ses seules pertes sont alimentair­es, ayant été sans alimentati­on électrique pendant plusieurs jours. Bien sûr, il déplore une perte de clientèle pendant ces journées tragiques, mais à Cuba, tout finit par s’arranger sans trop de pertes. Les touristes qui étaient présents à ce moment-là à La Havane, raconte-t-il, cherchaien­t tous un vol de retour, ils n’étaient pas intéressés à venir au restaurant. Au bout de deux semaines, tout est revenu à la normale. Il espère maintenant qu’ils seront de retour, mais ceci dit, il ne montre aucun signe d’angoisse, tout en tirant sur son éternel cigare Cohiba.

 ??  ?? La Havane, capitale cubaine, se relève tranquille­ment du passage de l’ouragan Irma en septembre dernier.
La Havane, capitale cubaine, se relève tranquille­ment du passage de l’ouragan Irma en septembre dernier.
 ??  ?? L’ouragan Irma a frappé fort à Cuba.
L’ouragan Irma a frappé fort à Cuba.

Newspapers in French

Newspapers from Canada