Le Journal de Quebec

Lepalmarès… des élèves!

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Frénésie continuell­e dans la classe cette semaine. Mes 6e reçoivent les uns après les autres la réponse de leur future école secondaire. Après des tests d’admission pour plusieurs. Des auditions pour d’autres. Et du stress. La peur de ne pas être choisis. De décevoir leurs parents. De ne pas être avec leurs amis.

PEI, concentrat­ion hockey, soccer. Cheerleadi­ng. Ballet. Profil science. Robotique. Anglais. Musique. Théâtre.

Presque autant de choix qu’il y a d’élèves. Au milieu de tout cela, il y a Nicolas et Gabrielle. Et quelques autres. Perplexes. Leurs parents n’ont pas fait de demande nulle part. Et pas parce qu’ils sont des parents irresponsa­bles.

Ils ont juste pensé que leur enfant pouvait aller tout simplement à l’école secondaire du quartier. Point final. Sans l’analyse longitudin­ale des 25 établissem­ents scolaires du secteur. L’école du quartier leur semble tout à fait correcte. Avec ses forces et ses défis. Comme toutes les écoles. Mais parfaite pour leur enfant. Qui saura y trouver son compte et y faire son petit bonhomme de chemin. En plus, ils n’ont pas à débourser outre mesure. Pour une éducation gratuite.

Nicolas et Gabrielle ont des notes dans la moyenne. Ils font leurs devoirs. Leurs parents sont impliqués dans leur vie scolaire. Mais n’ont pas envie du PEI. Ils aiment le sport, mais sans plus. Les arts et l’anglais ? Même chose.

AH ! LA PASSION…

Bref, pas de passion précise. Cette passion avec un grand « P » que tous les enfants de 11 ans, c’est bien connu, ont en eux. Et qu’ils doivent absolument cultiver quotidienn­ement à l’école. Aucune passion assez grande pour laquelle ils consacrera­ient la moitié de leur journée dans une concentrat­ion. Et vivre avec un horaire de premier ministre.

Aucune qui les anime assez pour choisir un profil avec des amis qu’ils ne connaissen­t pas et un long trajet d’autobus.

Olivier et Gabrielle aiment plein de choses. Et rien en particulie­r. Et c’est correct. Ils ont 11 ans. Aller dans « rien » au secondaire. Ils sont tristes. D’abord parce qu’ils constatent qu’aucun de leurs amis n’ira à l’école du quartier avec eux. Et donc que leur gang se dispersera aux quatre coins de la ville. Et ils ne se sentent pas très bons. Ils ne font partie d’aucune concentrat­ion, profil, volet, option. Les autres les regardent avec étonnement. « Vous n’allez dans “rien” l’an prochain ? » C’est leur perception des classes régulières.

Drôle d’ambiance dans la classe. Je décide d’ouvrir la discussion. Pour désamorcer. Je réalise que ce ne sont que quelques enfants qui sont profondéme­nt allumés par leur choix. Une fois l’étape de la sélection passée, plusieurs n’ont pas grand-chose à faire de leur future école. De leur profil ou de leur concentrat­ion. Un paradoxe alors que cette chasse annuelle à la meilleure école secondaire vient de se terminer. Je leur annoncerai­s que toutes les écoles secondaire­s, sauf celle du quartier, se sont envolées en fumée et qu’ils sont contraints de tous s’y retrouver, qu’ils sauteraien­t au plafond. En se tapant dans les mains. Mais autre temps. Autres moeurs.

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