LE QUÉBEC QUITTERA LE « TIERS-MONDE »
L’énorme complexe de 68,7 millions $ ouvrira en 2020
Huit Québécois en Coupe du monde pour du jamais vu en 25 ans. Cette coïncidence tombe du ciel pour les artisans du patinage de vitesse en vue de la construction d’un centre de glaces de 68,7 millions $ à Québec le printemps prochain.
Cet énorme complexe, qui se greffera aux deux patinoires existantes du Centre sportif de Sainte-foy, deviendra le plus vaste terrain de jeu intérieur pour les sports de glace au Canada à son ouverture prévue pour l’automne 2020. Au coeur de cette offre, un ovale glacé de 400 mètres destiné à l’activité populaire du patinage deviendra, de surcroît, un centre d’entraînement et de compétition pour le patinage de vitesse en longue piste.
« Cette construction va nous faire passer du tiers-monde à l’une des meilleures infrastructures au monde », illustre Robert Dubreuil, directeur général de la Fédération de patinage de vitesse du Québec (FPVQ) depuis 21 ans et ex-patineur aux Jeux olympiques à Albertville.
FREINER LE DÉCLIN
La présence de huit Québécois parmi les 24 patineurs que comptera l’équipe canadienne à la Coupe du monde à Calgary en fin de semaine prochaine nous donne un indice sur des années florissantes à venir. Le toit maintes fois réclamé par divers projets depuis 2004 devrait enfin, selon les défenseurs de ce sport, faciliter la conversion de jeunes pratiquants de la courte à la longue piste, étendre le développement de l’initiation à l’excellence et renverser le déclin de l’élite au profit de l’ouest canadien auquel on assiste depuis l’ouverture de l’anneau de Calgary en 1987 (voir tableau).
Construit sur l’actuel anneau Gaétan-boucher qui avait coûté 3,2 millions $ en 1985, le centre de glace éliminera pour de bon le supplice des nez et des orteils gelés, la rançon versée par les usagers soumis aux caprices de l’hiver.
« J’avais réfléchi à l’idée de déménager à Calgary, mais avec l’annonce de la construction, je vais rester ici, c’est clair. Ça va être cool pour notre sport parce que ce n’est pas l’idéal de devoir s’entraîner dehors. On ne sait jamais si on va patiner et il faut même parfois pelleter l’anneau avec nos bras ! » affirme le Montréalais Christopher Fiola, l’une des dernières trouvailles de l’équipe nationale à l’âge de 21 ans.
EN CONCURRENCE AVEC CALGARY
Avant Calgary, Berlin en 1985 et Heerenveen en 1986 avaient lancé la nouvelle époque des anneaux couverts. Depuis, il s’en trouve une trentaine sur la planète.
« Au lendemain des Jeux de 1988, on était déjà devenu désuet », soutient Robert Dubreuil.
En plus de bonifier le Centre national d’entraînement Gaétan Boucher, le centre de glaces de Québec donnera la réplique à Calgary comme nouveau pôle du patinage de vitesse. Sans promettre la venue d’éventuelles Coupes du monde ou autres championnats, Dubreuil aime rappeler les entrées dont dispose le Québec à l’international Skating Union (ISU). Il cite en exemple l’organisation du congrès annuel de L’ISU à Québec en 2000 et la tenue du championnat mondial de patinage de vitesse en courte piste à Montréal, du 16 au 18 mars 2018, et celui de patinage artistique au Centre Bell, en mars 2020.
« Depuis plus de 20 ans, la dynamique tourne exclusivement autour de Calgary et de Salt Lake City en Amérique du Nord. Maintenant, on va entrer en jeu. Et ce sera d’autant plus vrai en assistant à de plus en plus de résultats de la part de nos athlètes. Ça entrera aussi dans l’équation. »