« La honte et la peur changent de camp » chez les victimes
La vague de dénonciations faites dans la foulée du mouvement #Moiaussi a « un grand impact social », selon la directrice générale de Viol-secours, qui est cependant loin de crier victoire.
« On est allés dans un salon, la semaine passée, et, pour la première fois, les femmes n’avaient pas honte de nous dire qu’elles avaient été victimes d’agression sexuelle. La honte et la peur changent de camp », lance Julie Tremblay.
Les dénonciations visant des célébrités ont eu un effet indéniable. « On a des appels, ça augmente chaque jour. Les femmes sortent du silence », souligne-t-elle.
La directrice générale de Viol-secours était au nombre d’une soixantaine de personnes rassemblées, dimanche, à la place de l’université-du-québec, pour dénoncer la culture du viol et interpeller le gouvernement à ce sujet. « Il faut qu’il y ait des accusations et que les auteurs d’agressions soient reconnus coupables. C’est seulement [dans] trois cas sur 1000 [qu’il y a] un coupable », déplore-t-elle.
« C’est sûr qu’on doit rester dans un système avec une présomption d’innocence, mais peut-être qu’il y a moyen d’adapter ces choses-là pour les cas d’agression sexuelle. »
En plus d’appeler à une réforme judi- ciaire pour le traitement des dénonciations, le rassemblement visait à réclamer le retour des cours d’éducation sexuelle et davantage de ressources pour des organismes comme les CALACS.
SOUS LE RADAR
Bien qu’un plus grand nombre de femmes prend l’initiative de dénoncer, une frange importante de victimes resterait dans l’ombre, selon Julie Tremblay. La plupart des allégations visent « une personne de l’entourage, mais pas un intime dans la famille », même si, dans près de la moitié des cas signalés aux CALACS, l’agresseur est « un frère, un père, un grand-père ».