Fausses solutions
Entre le communautarisme à la Justin Trudeau, la rectitude politique qui plombe la société tout entière, les revendications exprimées pour toutes les marginalités et la guerre ouverte contre le machisme de la langue, on n’est pas sorti du bois.
Le débat autour de la langue inclusive fait fureur en France. Au Québec, deux jeunes juristes ont publié en septembre un ouvrage collectif, La grammaire non sexiste de la langue française. Ils prônent une transformation radicale du genre : le masculin ne l’emporterait plus sur le féminin. Au contraire. Ils dénoncent donc le machisme pour imposer la primauté du féminin afin que les hommes expérimentent la discrimination vécue par les femmes depuis des siècles.
Les féministes radicales semblent croire qu’en féminisant systématiquement les mots, l’égalité entre les sexes va triompher. Or il n’existe pas de termes neutres pour désigner des substantifs ou des pronoms dans la langue française, à la différence, par exemple, de la langue turque. Mais cela n’empêche pas la Turquie de faire triompher le machisme ou un islam fondamentaliste dont les femmes sont les premières victimes. En d’autres termes, le genre grammatical, masculin et féminin, n’est pas forcément sexiste et discriminatoire. Une table n’a rien de féminin et le vagin rien de masculin.
DROITS PARTICULIERS
Quant au communautarisme canadien, il fait éclater la nation. Les citoyens sont réduits à leur appartenance ethnoculturelle et religieuse, et à ce titre, on leur reconnaît des droits particuliers. D’où la préoccupation actuelle de nommer des Noirs, des autochtones, des sikhs, des musulmans à des postes dans la fonction publique et parapublique parce qu’ils affichent clairement leurs différences.
Or, la diversité, nécessaire et créatrice de progrès, ne doit pas reposer sur des a priori raciaux, ethniques ou religieux, mais bien, sur la compétence. Ce sujet est éminemment délicat, mais l’on ne doit pas s’interdire d’en débattre.
Est-ce possible de discuter aussi de la pertinence d’avoir comme présidente de la Fédération des femmes du Québec une transgenre ? Interrogée dans les médias, la nouvelle dirigeante, Gabrielle Bouchard, assure que son action se situera aux intersections de toutes les marginalités. Elle croit qu’en aidant les transgenres, les handicapées, les LGBT, etc., ce sont toutes les autres femmes, en clair la grande majorité des Québécoises, qui bénéficieront des acquis des combats. L’élection où elle était la seule candidate n’a suscité aucune interrogation chez les journalistes. Ils avaient peur d’être accusés de transphobie, peut-être.
MARGINALITÉ SEXUELLE
Dans les écoles secondaires s’organisent au Québec des alliances gais-hétéros, afin d’offrir un espace sécuritaire aux jeunes LGBTQ, victimes d’intimidation. Les jeunes ne sont pas tous tolérants face aux gais. Mais est-ce pertinent d’organiser la discrimination en regroupant tous les marginaux sexuels ?
Que conclure sinon que la tendance grandissante à ghettoïser les marginaux et à « raciser » les minoritaires comme solution à la discrimination nous entraîne vers une espèce d’apartheid consenti ? Faudra-t-il créer des classes exclusivement pour les LGBTQ, les Noirs, les islamistes ? Décidément, la vertu est l’ennemie du bien.