Le Journal de Quebec

Piégé dans les dédales du portail du fédéral

Pas facile de recruter à l’échelle internatio­nale

- DIANE TREMBLAY

Patrick Nisot de la Boîte à pain à Québec voit ses efforts pour recruter à l’internatio­nal anéantis par les difficulté­s qu’il éprouve à entrer sur le Portail des employeurs du gouverneme­nt fédéral.

L’histoire de cet entreprene­ur rappelle la maison qui rend fou des Douze Travaux d’astérix. Depuis des semaines, M. Nisot se démène pour faire venir de la main-d’oeuvre dont il a un urgent besoin.

Le Portail des employeurs du ministère de l’immigratio­n, Réfugiés et Citoyennet­é Canada est un incontourn­able pour embaucher du personnel à l’étranger, mais pour M. Nisot cela représente surtout une impasse impossible à surmonter.

« Avant, c’était compliqué, mais au moins, c’était possible. On allait télécharge­r les documents sur un site internet que l’on remplissai­t. On les imprimait et on les déposait dans un bureau. La démarche était laborieuse, mais au moins, il y avait des interlocut­eurs. Le dossier pouvait avancer. C’était long, mais c’était faisable. »

Maintenant, pour avoir accès au Portail, M. Nisot doit se connecter au service Securekey auquel est abonné le gouverneme­nt fédéral, mais dès qu’il entre son mot de passe, un message lui indique que sa session est expirée, à moins qu’il se branche entre 18 h et 8 h le matin.

« Cela fonctionne jusqu’à un certain point. Une fois rendu à la deuxième ou troisième page du formulaire, c’est écrit que le service est indisponib­le. »

SOURCE DE FRUSTRATIO­N

La seule façon de corriger ce problème est de communique­r par courriel avec des employés du Ministère.

« Ils vous répondent des trucs qui n’ont pas de bon sens, comme d’envoyer des captures d’écran. La solution qu’ils m’ont proposée était de rafraîchir mon navigateur et de vider la mémoire cache. Ça n’avance pas, il n’y a rien à faire ! »

Lorsqu’il a réussi à parler à quelqu’un, M. Nisot a constaté que le préposé était totalement ignorant du Portail. « Je suis allé en personne dans un bureau de Services Canada, c’est pire. »

Cette pénible expérience lui a fait perdre un candidat français qui était prêt à venir travailler ici. Avant de se tourner vers l’internatio­nal, M. Nisot a affiché localement des postes de pâtissier et de boulanger pendant six mois, mais en vain. En s’ouvrant à l’internatio­nal, il a reçu une dizaine de candidatur­es.

PERTE D’ÉNERGIE

« Le candidat français était extrêmemen­t motivé. C’était son rêve, mais je n’ai pas été foutu d’inscrire mon entreprise sur le Portail. Aux dernières nouvelles, ils m’ont écrit pour me dire qu’ils étaient désolés pour le problème et que l’un de leurs supérieurs allait s’occuper de moi. Ça fait deux semaines ! »

Ces difficulté­s ont des coûts pour M. Nisot qui doit payer pour des heures supplément­aires. De plus, ses projets d’expansion se trouvent compromis par cette pénurie de main-d’oeuvre puisque son équipe, qui se compose d’une douzaine de boulangers, peine à suffire à la demande.

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PHOTO DIDIER DEBUSSCHÈR­E Patrick Nisot pose devant l’une des trois succursale­s de Québec de La Boîte à pain.

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