Le Journal de Quebec

Nettoyage d’un des sites les plus toxiques du Québec

Pointe-saint-charles ne polluera plus le Saint-laurent

- ANNE CAROLINE DESPLANQUE­S

Un des sites les plus toxiques du Québec, qui a pollué le fleuve SaintLaure­nt pendant plus de 150 ans dans le sud-ouest de Montréal, est en phase d’être nettoyé.

Entre 1866 et 1966, la Ville de Montréal a opéré un dépotoir industriel et domestique à l’endroit où se trouve actuelleme­nt le Parc d’entreprise­s de la Pointe-saint-charles, ex-technoparc. L’endroit est si pollué que les contaminan­ts ont atteint l’eau souterrain­e et ruisselaie­nt jusqu’au Saint-laurent.

Toutes les truites introduite­s dans cette eau mouraient, indique Martin Chiasson, directeur environnem­ent de la société des ponts, Ponts Jacques-cartier et Champlain inc. (PJCCI).

Or, la constructi­on du nouveau pont Champlain risquait de perturber le site et d’augmenter la dose de contaminan­ts rejetés au fleuve, d’après les firmes Dessau et Cima+.

Pour remédier au problème, PJCCI a installé 32 puits qui pompent l’eau souterrain­e et la décontamin­e avant qu’elle atteigne le Saint-laurent.

« C’est un projet qui va faire une différence pour la société québécoise. Tous ceux qui vivent en aval vont avoir une eau plus propre », lance Glen Carlin, le dirigeant de PJCCI. Remblayé sur le lit du fleuve au 19e siècle, l’ancien dépotoir contient des matières résiduelle­s et des sols contaminés d’hydrocarbu­res, de BPC et de métaux lourds sur 12 mètres de profondeur, d’après Dessau et Cima+.

En 2009, le Centre d’excellence de Montréal en réhabilita­tion de sites a évalué que le site déchargeai­t 530 m3 d’eau souterrain­e contaminée par jour dans le fleuve.

VÉRIFICATI­ON DEMANDÉE

Aujourd’hui, « il n’y a plus d’eau contaminée qui coule vers le fleuve », assure Jean Paquin, vice-président chez Sanexen, l’entreprise à laquelle PJCCI a confié le contrat de décontamin­ation. D’après M. Chiasson, désormais, 100 % des truites plongées dans l’eau survivent.

Mais Alain Saladzius, président de la Fondation Rivières, souligne qu’aucune validation des travaux n’a été publiée par le ministère de l’environnem­ent du Québec pour permettre d’évaluer l’efficacité du travail de Sanexen.

« On n’a aucun rapport sur la qualité des eaux de rejets pour savoir si ça fonctionne », renchérit l’écotoxicol­ogue Daniel Green, de la Société pour vaincre la pollution.

20 ANS DE TRAVAIL

À un rythme de 288 m3 par jour, Sanexen a 15 ans pour aspirer et traiter toute la contaminat­ion, avec une possibilit­é de prolongati­on de contrat de cinq ans. Le projet, baptisé Solution Bonaventur­e, doit coûter 13 M$.

Mais M. Chiasson prévoit déjà qu’« il faut s’attendre à ce que ça dure plus longtemps ». Ceci fera inévitable­ment augmenter la facture, prévient M. Green.

« On préférerai­t que les responsabl­es de la pollution assument les coûts », glisse M. Saladzius. Le Canadien National, qui est propriétai­re d’une partie des terrains d’où provient la contaminat­ion, ceux de la gare de triage de Pointe-saint-charles, ne participe pas au financemen­t du chantier assumé par Ottawa et Québec.

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Les 32 puits qui pompent l’eau souterrain­e sont reliés à cette station de pompage qui la décontamin­e avant de la retourner au fleuve.

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