Le Journal de Quebec

Des milliards investis pour créer des quartiers

Projet de 900 M $ annoncé mercredi à Terrebonne

- PHILIPPE ORFALI Le Journal de Montréal

Ils sortent de terre à pleine vitesse, remplis de promesses. Pensés de A à Z, comptant logements, milieux de travail et centres de divertisse­ment, les quartiers de type TOD ( TransitOri­ented Developmen­t) sont censés représente­r l’avenir des grandes villes. Mais ils suscitent aussi leur lot de questions et de critiques.

Il y a eu le DIX30, quartier qui a vu le jour sur d’anciennes terres agricoles à Brossard, comptant des dizaines de commerces, des locaux pour bureaux, un complexe sportif, une clinique médicale, et bien plus, auquel on a reproché de ne compter aucun logement.

Juste en face, il y aura bientôt le TOD Quartier, mégaprojet de Devimco Immobilier, évalué à 1 milliard $, raccordé au futur Réseau électrique métropolit­ain (REM) et doté de 2000 unités résidentie­lles pouvant loger environ 5400 personnes. Les zones résidentie­lles compteront pour 67 % des installati­ons, le reste étant occupé par des bureaux, des hôtels et des commerces.

Des projets du genre, il y en a plusieurs en développem­ent plus ou moins avancé dans la grande région de Montréal.

155 TOD ?

La Communauté métropolit­aine de Montréal (CMM), qui regroupe l’ensemble des municipali­tés de la grande région métropolit­aine, a même identifié 155 aires qui pourraient être transformé­es en TOD.

La CMM espère que 40 % des nouveaux ménages d’ici 2031 s’installent dans des quartiers de type TOD localisés aux points d’accès du réseau de transport en commun, et souhaitera­it atteindre 60 % « si l’offre en transport en commun est augmentée », comme ce doit être le cas avec le REM.

L’avantage recherché : réduire les déplacemen­ts en voiture et favoriser la création de quartiers où tout peut se faire à pied ou à vélo. De véritables petites villes créées de toutes pièces en l’espace de quelques années.

« C’est utopique de penser qu’il y en aura 155 », nuance toutefois Florence Paulhiac, de la Chaire sur les Innovation­s en stratégies intégrées transport-urbanisme de l’université du Québec à Montréal (UQAM). Quelques dizaines, ce serait déjà un bon point de départ, selon elle.

UN « CENTRE-VILLE » À TERREBONNE

Le petit dernier de ces projets : celui du promoteur REZ Immobilier, qui rêve de créer un nouveau quartier à Terrebonne, en bordure de l’autoroute 25. Localisé à la croisée des autoroutes 40 et 640, le projet s’intégrera à un secteur en plein boom socio-économique.

École, bureaux, logements destinés autant aux jeunes familles qu’aux aînés, parcs et lieux de divertisse­ments, rien n’a été exclu des plans, explique Herbert Nunes, vice-président, Développem­ent Québec de Réseau Sélection et REZ Immobilier. « Quand on regarde Toronto, Vancouver, Londres ou San Francisco, on voit que ces villes ont pris le pari d’avoir d’autres centres autonomes, en dehors du centre-ville principal. C’est ce qu’on envisage pour Terrebonne, un secteur qui offre tous les avantages de l’urbanité, mais à Terrebonne. On offre le meilleur des deux mondes, de l’enseigneme­nt supérieur, une offre culturelle, des emplois. Ça devient autonome. »

DES CRITIQUES

Mais, derrière toutes ces grandes promesses se cachent plusieurs limites.

Puisqu’ils sont conçus de toutes pièces par les promoteurs, les TOD sont souvent accusés de mener à l’embourgeoi­sement de certains secteurs dotés d’excellents accès au transport en commun, alors que les clientèles plus défavorisé­es bénéficier­aient davantage de cette proximité, explique Florence Paulhiac. « Il y a des risques aux projets de TOD. Parmi eux: à quel type de population on s’adresse? Quel logement on offre et à quel prix? La question de la diversité est vraiment importante. »

« C’est pas parce qu’on fait un projet dense et près d’une gare que c’est un bon TOD. »

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