Le Journal de Quebec

Hélène David s’intéresse au débat sur le mot « patrimoine »

La ministre y voit beaucoup de positif, mais n’en fait pas une « ultra-priorité »

- Charles Lecavalier l Clecavalie­rjdq

« ÇA A SON INTÉRÊT LINGUISTIQ­UE ET SON INTÉRÊT EN LIEN AU MATRIARCAT ET AU PATRIARCAT. CE SONT DE GRANDES RÉFLEXIONS. » – Hélène David, ministre responsabl­e de la Condition féminine

La ministre Hélène David juge intéressan­te l’idée de Québec solidaire de remplacer le mot « patrimoine », jugé trop masculin, par « héritage culturel ».

« C’est une réflexion qui est de son temps, de masculinis­er, de féminiser. Je trouve que ça vaut la peine de se poser ces questions », a affirmé Mme David, responsabl­e de la Condition féminine, à la sortie du caucus libéral hier.

« Ça a son intérêt linguistiq­ue et son intérêt en lien au matriarcat et au patriarcat. Ce sont de grandes réflexions. Il y a toute une réflexion autour de la grammaire française aussi, la masculinis­ation, la féminisati­on. En France, ça fait des débats énormes », a-t-elle ajouté.

Le Journal a rapporté hier que Québec solidaire souhaitait remplacer le terme « patrimoine » par « héritage culturel ». « C’est un mot qui, dans sa racine, réfère à une forme de présence et de domination du masculin. L’héritage culturel, c’est autant les hommes que les femmes qui nous l’ont laissé », a affirmé la députée Manon Massé en entrevue avec le Bureau parlementa­ire. Cette question sera débattue lors du congrès de QS, où la plate-forme électorale du parti sera adoptée.

Hélène David, si elle n’en fait pas une « ultra-priorité », y voit beaucoup de posi- tif. « L’écriture a un lien avec la culture », a-t-elle noté.

La ministre a aussi révélé qu’elle utilise parfois l’écriture inclusive – qui vise à combattre les stéréotype­s sexistes en remaniant l’orthograph­e – dans ses courriels. Il s’agit d’une méthode qui consiste à féminiser certains mots en plaçant la terminaiso­n au féminin entre des points milieu. On écrirait ainsi électeur·rice·s. « Des fois, j’ajoute le “·es” parfois non, mais j’ai un souci particulie­r de bien intégrer les femmes, car l’écriture c’est aussi la culture », a-t-elle indiqué.

PAS QUE DES HEUREUX

Le débat lancé par QS n’a pas fait que des heureux. Le candidat péquiste dans Prévost Paul Saint-pierre Plamondon a raillé : « Il faudrait aussi de toute urgence interdire l’expression “Père Noël” pour la remplacer par “Être en rouge avec des cadeaux” », a-t-il écrit sur les médias sociaux.

En journée, la députée Manon Massé a indiqué qu’elle a senti ce ressac. « Je sens que ça choque. Et je vous dirais qu’honnêtemen­t, des fois, pour changer les choses, il faut choquer », a-t-elle affirmé lors d’un point de presse.

Elle défend l’écriture « épicène », sans masculin ni féminin, et souhaite « dégenrer notre écriture ». Elle vise aussi l’expression « langue maternelle » puisqu’elle sous-entend que « les femmes sont les seules responsabl­es de la transmissi­on de la langue ». « On est au XXIE siècle, on peut commencer à réfléchir à ces questions-là sans en faire un drame national », a-t-elle indiqué.

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PHOTO SIMON CLARK Il est intéressan­t de débattre de la linguistiq­ue des genres, estime la ministre responsabl­e de la Condition féminine, Hélène David.
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