Des excuses historiques et émotives aux gais et lesbiennes
OTTAWA | Les excuses officielles de Justin Trudeau aux gais et lesbiennes persécutés durant des décennies au Canada ont arraché des larmes aux victimes venues assister en personne à ce moment « historique » tant attendu, hier.
« Honte », « tristesse », « profond regret »; Justin Trudeau a utilisé les mots les plus durs pour demander pardon aux minorités sexuelles victimes d’un véritable régime de terreur mis en place par l’appareil fédéral à une époque pas si lointaine.
« Aujourd’hui, nous parlons enfin du rôle qu’a joué le Canada dans l’oppression, la criminalisation et la violence à l’endroit des communautés lesbienne, gaie, bisexuelle, transgenres, queer et bi-spirituelle », a déclaré M. Trudeau dans un discours empreint d’émotion livré au Parlement canadien.
Dans les tribunes bondées de la Chambre des communes, les mots du premier ministre ont ému aux larmes plusieurs victimes qui se consolaient parfois entre elles. M. Trudeau a lui-même essuyé quelques larmes, comme il le fait régulièrement devant les caméras.
« C’est une journée incroyable, historique. Ils ont admis leur faute, ce qui est pour moi énorme », a dit après coup Martine Roy, une ex-militaire renvoyée des Forces armées canadiennes à 20 ans parce qu’elle est lesbienne. C’est sûr que ça ne répare pas tout, mais pour moi c’est important. »
PLUS JAMAIS
Les excuses officielles du Canada étaient attendues depuis des décennies par les nombreuses victimes de la grande purge dans l’appareil fédéral. À partir des années 1950 et jusqu’en 1992, le pays a traqué et congédié dans le déshonneur des milliers d’employés fédéraux et de militaires parce qu’ils étaient gais ou lesbiennes.
« Plus jamais notre gouvernement ne sera la source d’autant de douleur infligée aux membres de la communauté LGBTQ2 », a juré M. Trudeau.
Les excuses du premier ministre ont été appuyées par tous les partis d’opposition. En revanche, une vingtaine de députés conservateurs brillaient par leur absence.
INDEMNISATION
Parallèlement aux excuses officielles, Ottawa a annoncé qu’il débloque 145 millions $ pour régler à l’amiable un recours collectif contre le fédéral. Les victimes de la purge pourraient recevoir jusqu’à 150 000 $ pour les sévices qu’ils ont subis.
L’argent servira également à bâtir un mémorial à Ottawa en souvenir des victimes aux carrières brisées dans la fonction publique, ou encore aux personnes suicidées en raison de leur orientation sexuelle à l’époque.
Les libéraux ont aussi déposé en matinée un projet de loi visant à radier les dossiers criminels des Canadiens trouvés jadis coupables d’avoir eu des rapports sexuels consensuels avec une personne du même sexe.