NILAN SAIT CE QUE VIT RIBEIRO
« Tout entrera dans l’ordre s’il accepte qui il est et s’il veut vivre chaque jour de sa vie sans alcool ou drogue »
Chris Nilan ne connaît pas Ribeiro personnellement, mais il sait très bien ce qu’il vit.
L’ancien redresseur de torts du Canadien est devenu accro aux médicaments qu’il prenait pour apaiser la douleur résultant des blessures subies dans l’exercice de ses dures fonctions pendant sa carrière de 13 saisons dans la LNH.
S’en sont suivis des épisodes de surconsommation d’alcool et de médicaments qui l’ont mené au fond de l’abîme. Son mariage n’a pas résisté. Il a fait des choses qu’il ne se rappelait plus le lendemain.
Nilan dit dans son autobiographie n’avoir jamais songé à s’enlever la vie, mais il n’en a pas moins flirté avec la mort. Derek Boogaard est décédé d’une surdose d’oxycodone, médicament contre la douleur.
Nilan a fait les efforts pour remonter la pente, mais la bataille se poursuit. Il se sent bien physiquement et mentalement, mais il doit bien faire attention de ne pas rechuter.
Le risque sera toujours présent.
ACCEPTER QUI IL EST
L’histoire de Ribeiro interpelle Nilan. « Je sais ce qu’il ressent », dit-il. « C’est bien qu’il soit allé chercher de l’aide. Tout entrera graduellement dans l’ordre s’il accepte qui il est et s’il veut vivre chaque jour de sa vie sans alcool ou drogue. Ce n’est pas facile à faire. »
Là-dessus, Nilan y va d’un message aux gens qui portent des jugements sur les victimes de ce fléau.
« Bien des gens croient qu’on a seulement à se dire d’arrêter pour s’en sortir, mais ça ne fonctionne pas comme ça », reprend-il.
« Ils pensent que c’est une question de faiblesse morale. Encore là, ça n’a rien à voir. Une fois que l’on devient accro à l’alcool, aux drogues ou aux médicaments, il faut demander de l’aide. Après la phase de désintoxication, on doit travailler sur notre mental. C’est une chose que l’on fait à chaque jour qui passe pour le restant de nos jours.
« Ça fait partie de ma vie, mais je me sens tellement mieux depuis que je suis passé à travers. »
IL DOIT RESTER OÙ IL EST
Nilan n’use pas d’un ton paternaliste en parlant du cas de Ribeiro. Il ne fait pas dans la fioriture non plus.
Il dit les choses comme elles le sont et comme l’homme qu’il est.
« Une chose que je peux dire à Mike, c’est de rester là où il est en ce moment », continue-t-il.
« La plupart des joueurs de hockey ne demandent pas de l’aide. Ça fait partie de notre mentalité qui consiste à soutenir davantage nos coéquipiers que nous-mêmes. On grandit dans cet environnement à partir du moment où on fait partie d’une équipe. »
RECONNAÎTRE LE PROBLÈME
Comme c’est souvent le cas, Nilan ne reconnaissait pas qu’il avait un problème.
Un jour de décembre 2000, son ancien coéquipier Bob Gainey, sachant qu’il ne se portait pas bien, l’a appelé pour lui dire d’appeler Dan Cronin, qui était la personne responsable du programme de réadaptation de la LNH et de L’AJLNH.
Nilan l’a remercié pour sa sollicitude, mais il lui a dit que tout allait bien. En mars 2001, il a communiqué avec Gainey pour lui avouer que sa vie était devenue un merdier et qu’il avait besoin d’aide.
« Je ne savais pas comment m’en sortir, j’ignorais en quoi consistaient les traitements », relate-t-il.
« Les bienfaits se sont fait sentir pendant environ trois ans. Puis j’ai recommencé à boire. Je ne faisais pas ce que je devais faire. Je suis retourné en cure en 2009. »
UN RÔLE DE CONSEILLER LUI PLAIRAIT
Nilan a vécu deux ans en Oregon, où il a rencontré sa bouée de sau- vetage, Jamie Holtz, femme native d’hawaii, avec laquelle il vit à Montréal depuis 2011. Il a trouvé la sérénité et la joie de vivre.
On peut l’entendre en semaine à la radio de TSN 690. Il prononce des conférences sur les dangers de l’alcool et de la drogue dans les écoles.
Un rôle de conseiller dans le programme de réadaptation de la LNH et de L’AJLNH lui plairait bien.
Il a étudié dans ce but tout ce qu’il ya à savoir sur le problème après son premier séjour en maison de traitements au début des années 2000. Il a passé un examen qu’il a malheureusement coulé par deux petits points.
Il pourrait toujours se soumettre à un autre examen, mais on peut se demander si ce serait vraiment nécessaire avec son bagage d’expérience.
L’après-hockey de la LNH aurait besoin d’hommes comme lui.