Un témoignage « cousu de fil blanc », selon la Couronne
La crédibilité du tyran de la Beauce attaquée
La Couronne s’est affairée, hier, à l’occasion des plaidoiries, à s’attaquer à la crédibilité du tyran de la Beauce, qui a livré, selon elle, de nombreuses versions « invraisemblables » et « cousues de fil blanc » devant le tribunal lors de son témoignage à son procès.
Après que la défense eut terminé ses plaidoiries amorcées la veille, Me Nicolas Champoux, procureur de la Couronne, a présenté au juge René de la Sablonnière, en en faisant la lecture à haute voix, de nombreux extraits de témoignages des victimes au procès, qu’il opposait chaque fois à des extraits du témoignage de l’accusé de 63 ans.
La poursuite a tantôt qualifié d’« invraisemblable », d’« inintelligible » ou parfois même de « romancée » des versions du tyran, qui doit être déclaré coupable, selon elle, d’une cinquantaine de chefs d’accusation pour des gestes de violence physique, psychologique et sexuelle à l’endroit de 13 victimes, dont neuf de ses enfants.
MENSONGES ET MINIMISATION
« Si j’ai dit durant toute la matinée que l’accusé était un individu qui minimisait, banalisait, qui avait une mémoire défaillante et qui, à mon sens, mentait volontairement, je vous le répète », a conclu en fin de journée Me Champoux en s’adressant au juge, qualifiant l’accusé d’être « narcissique » et « sans empathie », qui a souvent détourné les questions au lieu d’y répondre, en plus d’avoir « tenté de réajuster » des histoires.
Le procureur de la Couronne a souligné à plus d’une reprise « la crédibilité » des témoins, « qui se sont limités à ce qui était clair » dans leur mémoire.
« CONTAMINATION »
De son côté, la défense a invité le juge à faire preuve de prudence « dans l’interprétation des faits », rappelant que la Couronne doit avoir fait la preuve hors de tout doute raisonnable, pour chacun des chefs, que l’accusé a bien commis les gestes pour lesquels il est accusé.
Me Jessica Bernard — qui a invité le juge mercredi à déclarer coupable son client sur 17 chefs d’accusation — a soulevé une possible « contamination de mémoires », du fait que les plaignants ont pu se parler entre eux de leurs souvenirs respectifs.
Le juge René de la Sablonnière a remercié les deux parties pour la « qualité de leur travail ». Il doit rendre sa sentence le 23 février prochain.