Le Journal de Quebec

Menacée à répétition par des gens masqués

La famille de Leony Pavithra Lawrence lève le voile sur les raisons qui l’ont poussée à venir au Canada

- DOMINIQUE SCALI

Robert Lawrence travaillai­t pour les Nations unies au Sri Lanka quand sa famille et lui ont commencé à recevoir des menaces de mort et à être poursuivis par des motocyclis­tes masqués. Malgré cela, le Canada refuse de les admettre comme réfugiés.

M. Lawrence est en fait le père de Leony Pavithra Lawrence, 21 ans, qui risque d’être renvoyée au Sri Lanka avec sa famille dimanche. L’histoire de cette étudiante qui a été honorée par la Commission scolaire de Montréal a attiré une forte vague de sympathie depuis mercredi.

Les parents, qui sont de la communauté tamoule, avaient préféré taire jusqu’à hier les raisons qui les ont poussés à quitter leur pays en 2012, notamment parce qu’ils ne voulaient pas se présenter comme des gens qui se plaignent inutilemen­t.

« Nous avons laissé la chance [au gouverneme­nt canadien d’agir], mais maintenant nous sommes vraiment à la dernière minute », dit Robert Rajaratnam Lawrence.

GUERRE CIVILE

M. Lawrence, 51 ans, a commencé à travailler pour les Nations unies en 2006, quelques années avant la fin d’une longue guerre civile qui a profondéme­nt marqué le Sri Lanka.

La situation y est encore précaire pour la communauté tamoule.

Il devait écrire des rapports sur les incidents qu’il observait sur le terrain, ce qui ne plaisait pas à tous, explique-t-il dans le document qui a été présenté aux autorités canadienne­s dans le cadre de sa demande d’asile.

Dès 2008, la famille Lawrence a commencé à recevoir des appels téléphoniq­ues anonymes environ une fois par mois.

« Nous savons quoi faire avec vous et votre famille. C’est facile pour nous de vous tuer », peut-on lire dans le document.

M. Lawrence préfère que les groupes ou personnes qui ont menacé sa famille ne soient pas identifiés afin de protéger ses proches qui habitent toujours au Sri Lanka, car ils pourraient faire l’objet de représaill­es.

AK-47

En 2009, il a été intimidé par un homme armé d’un AK-47. En 2011, des assaillant­s ont lancé des projectile­s sur la demeure familiale.

À partir de janvier 2012, M. Lawrence a commencé à être suivi par des hommes masqués en motocyclet­te chaque fois qu’il quittait la maison.

En août, un motocyclis­te a même agrippé le bras de sa fille Vinnie lorsqu’elle marchait vers la résidence.

Après huit mois de poursuites semblables, les parents ont décidé que les enfants n’iraient plus à l’école.

Peu de temps après, les phares et les miroirs de leur voiture ont été saccagés. Ils ont donc quitté le pays en catastroph­e en septembre 2012.

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