Une monnaie numérique qui faciliterait la criminalité
La Banque du Canada évalue les avantages et les risques d’une telle monnaie
La création d’une monnaie numérique par la Banque du Canada faciliterait probablement les activités criminelles en raison de son anonymat, selon un rapport de l’institution fédérale sur les potentiels avantages et inconvénients d’une telle initiative.
Puisque les transactions avec une monnaie numérique sont anonymes, comme présentement avec l’argent comptant, cela pourrait favoriser l’activité criminelle, puisque cette monnaie peut être échangée plus facilement tout en étant conservée en dehors du système bancaire, selon le document dévoilé hier.
Des mesures comme imposer des limites sur les montants des portefeuilles numériques pourraient être mises en place, mais les criminels pourraient probablement les déjouer en multipliant ce type de portefeuille. Par conséquent, l’anonymat n’est pas recommandé par le rapport si la Banque décidait un jour de lancer une monnaie similaire au bitcoin, qui connaît beaucoup de succès.
BONNE POUR LE COMMERCE
La Banque du Canada estime que lancer une telle monnaie favoriserait le commerce. « Sans frais de transaction imposés par la banque centrale, la monnaie numérique serait probablement moins chère pour les marchands que l’argent comptant ou les cartes de crédit », peut-on lire dans le rapport.
Pour les commerçants, une monnaie numérique aurait l’avantage de réduire significativement ou d’éliminer les frais de transaction des cartes de débit et de crédit ou les coûts liés à la manipulation de l’argent comptant.
La Banque estime que la création d’une monnaie numérique affecterait les dépôts bancaires et les autres formes d’épargne, mais elle croit que ce serait négligeable puisque cette monnaie n’engendrerait aucun intérêt. Toutefois, en période d’incertitude, la monnaie numérique pourrait devenir une valeur refuge, ce qui créerait des « perturbations significatives » pour le système financier.
PAS ENVISAGÉE PAR LA BANQUE
Évidemment, tous les effets envisagés dépendent des caractéristiques qui seraient adoptées pour façonner cette monnaie numérique. Les facteurs à considérer sont multiples et complexes, et leurs incidences pourraient être énormes. C’est pour cette raison que la Banque du Canada n’envisage pas de lancer un tel instrument financier. L’an dernier, l’institution fédérale avait mentionné qu’elle était « très loin » d’une telle initiative et elle a réitéré hier cette position.
Selon elle, ce rapport s’inscrit dans une logique d’examen des questions conceptuelles soulevées par la création d’une telle monnaie, notamment sur comment elle pourrait influencer l’économie ou le financement des banques.