Québec doit rester une ville à échelle humaine
Maire depuis une décennie, Régis Labeaume croit qu’il faut plutôt garder le caractère convivial et sécuritaire de la capitale
TORONTO | Québec est à la croisée des chemins, constate Régis Labeaume qui, après 10 ans, veut maintenir sa ville à l’échelle humaine, plutôt que de la propulser au rang de métropole.
« On vit dans une bulle et on veut la garder », lance en entrevue le maire de Québec, bien en selle pour son quatrième mandat, 10 ans jour pour jour après sa première élection.
L’une des réalisations dont il est le plus fier est d’avoir limité la construction en périphérie. « On a limité l’étendue de la ville. Si on veut garder la ville à l’échelle humaine, il faut densifier au lieu de s’étendre. On n’a pas le goût de devenir une métropole. »
Le changement le plus visible qu’il observe, c’est sur les routes. Même si c’est « encore vivable », la congestion a explosé. « Il faut planifier nos déplacements davantage, surtout sur les heures de pointe. » Le manque de main-d’oeuvre est aussi un changement draconien, dit-il. « Pire encore que le trafic. »
Mais, somme toute, s’il regarde en arrière, il constate que Québec a su résister aux mauvais plis que prennent les villes en grandissant.
« ON EST CHANCEUX »
« Les gens ne réalisent pas qu’on est chanceux. On vit dans l’abondance. » Québec, se targue-t-il, est « la ville la plus sécuritaire dans le monde », a résisté jusqu’à maintenant à la crise du logement qui sévit partout au pays, jouit d’une économie florissante et offre une « qualité de vie exceptionnelle qui s’est constamment améliorée ».
Dans ses 10 années à la mairie, les moments les plus grisants ont été pour lui ceux entourant la construction et l’inauguration de l’amphithéâtre. « Les visites du chantier de l’amphithéâtre, c’était un méchant trip. Je vais avoir de la misère à battre ça dans l’esprit de tout le monde. Ce sera toujours ce qu’il y a eu de plus spectaculaire. »
En revanche, ses instants les plus difficiles, il les a vécus dans la foulée de la tuerie de la mosquée. « Je réalisais que c’était chez nous, dans notre belle ville. Les jours suivants, on était toujours avec la communauté musulmane. » Malgré l’horreur, ce qui en est ressorti, c’est l’empathie de la population, dit-il. « Et ça a été reconnu à travers le monde. »
Après une décennie, il a l’impression de connaître la ville par coeur. « Je ne peux pas tout contrôler, mais je sais ce que je fais », affirme M. Labeaume. « Ce n’est pas n’importe qui qui peut gérer la ville. Il faut savoir compter, il faut avoir du vécu et ça prend une vision. »
LA PASSION EST TOUJOURS LÀ
Même après 10 ans, assure-t-il, la passion pour le travail est toujours bien ancrée. « J’aime ça travailler, moi. J’entre au bureau le matin et j’aime ça parce qu’on a des objectifs. »
Le premier d’entre eux est le système de transport structurant, qu’il veut démarrer dans le présent mandat, ou à tout le moins l’avancer suffisamment pour ne pas qu’un changement de gouvernement puisse le mettre en péril. Sur cette question, il est catégorique : « Ça va se faire. »
« EST-CE QUE C’EST ENCORE ABORDABLE D’ACHETER UNE UNIFAMILIALE À QUÉBEC ? OUI. LA DIFFÉRENCE ENTRE LE COÛT MOYEN À QUÉBEC ET À MONTRÉAL EST FULGURANTE. ICI, LE PRIX EST ENCORE TRÈS ACCEPTABLE. » —RÉGIS LA BEAU ME, MAIRE DE QUÉBEC