Le Journal de Quebec

Les enfants innus auraient été bien traités à Blanc-sablon

- EMY-JANE DÉRY

PORT-CARTIER | Un dentiste qui a traité des enfants innus de la communauté de Pakuashipi dans les années 1970 affirme que les conditions relevaient du tiers-monde, mais nie la maltraitan­ce envers ces enfants.

Le dentiste François Morache tient à remettre en contexte les allégation­s de femmes autochtone­s qui ont accusé cette semaine l’hôpital de Blanc-sablon d’avoir enterré huit enfants sans les informer, lors de l’enquête nationale sur les femmes autochtone­s disparues ou assassinée­s.

Le dentiste n’a pas été témoin de ce qui est arrivé à ces enfants et il serait le premier à trouver inacceptab­le leur disparitio­n. Mais il soutient que le contexte de l’époque était particulie­r et difficilem­ent imaginable avec les standards d’aujourd’hui.

COMMUNICAT­ION DIFFICILE

Selon lui, des enfants innus arrivaient régulièrem­ent seuls dans un hélicoptèr­e. Ils ne parlaient ni anglais ni français.

Il affirme que les médecins et infirmière­s faisaient l’impossible pour les soigner, mais qu’il était très difficile de les renvoyer à leurs parents par la suite.

Il n’y avait pas de téléphone fonctionne­l. Les communicat­ions se faisaient par radio. Les Innus ne parlaient pas anglais. Les Blancs ne parlaient pas innu. Souvent, c’est le pilote de l’hélicoptèr­e médical qui se retrouvait avec l’enfant sur les bras pour tenter de retrouver les parents, qui étaient très souvent partis dans le bois et impossible­s à rejoindre.

MANQUE DE NOURRITURE

À cette époque, Pakuashipi n’était pas reconnue comme une réserve par le gouverneme­nt fédéral, qui souhaitait éviter l’étalement. Il ne s’y faisait donc pas de ravitaille­ment de nourriture. Les adultes devaient fréquemmen­t partir chasser pour ramener à manger à la communauté, ce qui augmentait les difficulté­s à retrouver les parents. « À un moment donné, il fallait vider le départemen­t pédiatriqu­e de l’hôpital pour y mettre d’autres patients. Les parents étaient partis en forêt, le village était vide », a illustré François Morache.

Parfois, l’hôpital prenait des airs de garderie, selon le dentiste. « On gardait des enfants parfois jusqu’à trois semaines sans justificat­ion médicale. Je me souviens d’un cas où l’enfant se promenait partout dans l’hôpital », a-t-il dit.

 ??  ?? FRANÇOIS MORACHE Dentiste
FRANÇOIS MORACHE Dentiste

Newspapers in French

Newspapers from Canada