Le Journal de Quebec

La réforme des impôts, un cadeau aux entreprise­s

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WASHINGTON | (AFP) Manne pour les plus riches ou pour la classe moyenne, boost pour les entreprise­s ou stimulus malvenu d’une économie déjà au plein emploi : les mérites de la réforme des impôts aux ÉtatsUnis votée dans la nuit de vendredi à hier par le Sénat déchirent les économiste­s.

L’administra­tion Trump présente cette réforme fiscale comme « la plus grosse réduction d’impôts de l’histoire » qui va doper la croissance, les salaires, les bénéfices des entreprise­s et rapatrier les profits des multinatio­nales.

Le texte voté par le Sénat doit encore faire l’objet d’un accord avec la Chambre des représenta­nts qui avait voté auparavant sur sa propre propositio­n.

« UN BOUFFON »

Ardent promoteur du texte, le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a fait récemment valoir une lettre de neuf économiste­s affirmant que la première réforme des impôts depuis trente ans va augmenter la croissance de 0,3 % par an sur dix ans.

Mais selon une étude de l’université de Chicago auprès de 38 économiste­s, une écrasante majorité doute que cela dope l’expansion économique et quasiment tous craignent un gonflement majeur de la dette du pays. On sait déjà, selon la Commission parlementa­ire conjointe sur la fiscalité, que la loi va réduire les recettes de l’état de 1000 milliards de dollars sur dix ans et augmenter d’autant une dette publique qui atteint 20 000 milliards de dollars.

La querelle prend parfois un ton brutal comme sous la plume de Robert Reich, l’ancien secrétaire au Travail du président Clinton qui, dans une tribune, se demande si Steven Mnuchin est « un bouffon ou un valet » et l’accuse de « mentir » sur les bienfaits de la refonte des impôts.

TAUX D’IMPOSITION

La loi privilégie d’abord les entreprene­urs. Le taux d’imposition des entreprise­s actuelleme­nt de 35 % est descendu à 20 % « dans la moyenne des pays de L’OCDE ». Ce taux de 35 % est toutefois « statutaire », car en tenant compte des déductions offertes aux entreprise­s, le taux d’imposition « effectif » aux États-unis avant la réforme est déjà plus proche de 21 %, selon d’autres économiste­s.

Autre encouragem­ent aux entreprise­s : les sociétés en nom propre, qui constituen­t la moitié des revenus des corporatio­ns dans le pays et 90 % des petites entreprise­s, vont aussi bénéficier d’une forte réduction de leurs taxes.

Enfin, les multinatio­nales seront invitées à rapatrier aux États-unis leurs bénéfices détenus à l’étranger à un taux préférenti­el.

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