JEAN RATELLE et le trophée manquant
Les Rangers de New York retireront, le 25 février, le chandail numéro 19 qu’a porté fièrement Jean Ratelle durant ses 862 matchs passés dans l’uniforme de l’équipe new-yorkaise.
« C’est un grand honneur qu’on me fait, a raconté Ratelle, 77 ans, lors d’une récente visite à Montréal dans le cadre d’un salon de collectionneurs. C’est une belle marque de reconnaissance de la part des Rangers. Ça me touche beaucoup.
Glen Sather [le directeur général] hésitait à m’en parler, a-t-il ajouté. Lorsqu’il m’a appelé l’hiver dernier en Floride, il craignait que je refuse, croyant que j’en voulais toujours aux Rangers de m’avoir cédé aux Bruins de Boston en 1975. Il est vrai que la transaction avait été difficile à digérer à l’époque.
Même si j’ai joué et travaillé pour l’organisation des Bruins durant 26 ans, je n’ai jamais oublié les belles années passées avec les Rangers, lorsque je formais un trio productif en compagnie de Rod Gilbert et de Vic Hadfield. »
Originaire de Saint-félicien, au Lac-saint-jean, Ratelle a connu une très belle carrière dans la LNH, récoltant 1267 points en 1281 matchs de saison régulière et 98 points en 123 matchs éliminatoires.
Il a été intronisé au Temple de la renommée du hockey en 1985 et son nom fait partie de la liste des cent meilleurs joueurs de tous les temps, liste dévoilée par la Ligue nationale en janvier dernier.
TROIS OCCASIONS DE SOULEVER LA COUPE STANLEY
Son seul regret est de ne pas avoir eu la chance de remporter la coupe Stanley. Ratelle a pris part à la finale en 1972, en 1977 et en 1978. Chaque fois, il s’est retrouvé dans le camp perdant.
« Ce fut une grande déception, a reconnu celui qu’on a souvent comparé à Jean Béliveau en raison de son style de jeu. J’aurais tellement aimé soulever le gros trophée. C’est la seule chose qui manque à mon palmarès.
Je ne suis cependant pas le seul joueur à avoir vécu cette déception. De grands joueurs comme Marcel Dionne et Gilbert Perreault, entre autres, peuvent exprimer le même regret. C’est la vie. On ne peut pas gagner la coupe tout seul. Il faut se retrouver au sein de grandes équipes. Dans les années 1960 et 1970, le Canadien gagnait pratiquement tout le temps… »
LA SÉRIE DU SIÈCLE
Heureusement pour lui, Ratelle a eu le bonheur d’être sélectionné au sein de l’équipe canadienne pour participer à la Série du siècle en 1972 contre l’union soviétique.
« Ce sont mes plus beaux souvenirs, a-t-il dit. Cette série a marqué l’histoire du hockey et des joueurs du Canadien m’ont déjà confié que d’avoir triomphé contre les Soviétiques était une sensation qui surpassait une conquête de la coupe Stanley. Ce fut extraordinaire. »
Ratelle, qui était aussi un excellent joueur de baseball — il a reçu une offre de contrat des Braves de Milwaukee — était reconnu comme le gentilhomme par excellence dans la LNH.
Même s’il a joué à une époque où le jeu était très robuste dans le circuit, il a terminé sa carrière avec seulement 276 minutes de pénalité à sa fiche.
« J’étais un joueur de finesse. Chaque joueur avait ses points forts. Je trouvais ça flatteur qu’on me compare à Jean Béliveau, car c’était l’un de mes joueurs préférés, avec Dickie Moore », a-t-il mentionné au cours de l’entrevue.
« Ce fut un grand plaisir de former un trio avec Gilbert et Hadfield. On nous surnommait la Gagline pour one goal a game. On a constitué une solide ligne d’attaque durant 10 saisons, soit l’une des longues séquences du genre dans la LNH. »