Le Journal de Quebec

Labeaume prend les devants pour en prévenir les ravages

- STÉPHANIE MARTIN

TORONTO | Très inquiet des ravages que pourrait causer le fentanyl à Québec, le maire Régis Labeaume songe à instaurer davantage de formation et des mesures de prévention.

« Si ça frappe le Québec et l’ontario aussi fort que la Colombie-britanniqu­e, ce sera un terrible désastre. » Ces mots sortent de la bouche du maire de Vancouver, Gregor Robertson. Le Journal l’a rencontré à Toronto, en marge du Caucus des maires des grandes villes de la Fédération canadienne des municipali­tés.

La ville de l’ouest a été le « ground zero » de la crise des surdoses causées par les opioïdes, il y a un an. Aujourd’hui, le maire vit une situation très difficile, alors que plus de 300 morts sont survenues depuis à Vancouver. Il y en a eu quelque 1100 dans toute la Colombie-britanniqu­e. Les victimes sont surtout des hommes âgés de 20 et 55 ans, des gens ordinaires qui, pour la plupart, meurent seuls chez eux d’une surdose accidentel­le.

« Et cela se déplace vers l’est », avise M. Robertson. Il multiplie les pressions auprès du gouverneme­nt fédéral qui, selon lui, ne prend pas la situation assez au sérieux.

ÉVOLUTION IMPRÉVISIB­LE

Le phénomène se déplace tranquille­ment, à mesure que l’insidieuse drogue devient disponible dans les autres provinces. « Les morts liées aux surdoses ont grimpé de 40 % en Alberta. Winnipeg et Toronto sont frappées. On ne sait pas quelle ville canadienne sera durement touchée ensuite. »

Le maire de Québec, Régis Labeaume, observe la situation avec appréhensi­on. « Ça m’inquiète beaucoup pour les jeunes qui, parfois, peuvent prendre de la cochonneri­e qui ne coûte pas cher. Et c’est pour ça que je veux que les gens sachent ce qui se passe à Vancouver. C’est aussi un signal que nous voulons envoyer à la jeunesse de Québec, dit-il. J’ai des discussion­s avec la police. Il n’est pas impossible qu’on prenne les devants pour faire de la formation et de l’informatio­n. C’est ce qui fonctionne. »

À Vancouver, les premiers répondants, les policiers, les pompiers, et certains intervenan­ts de la communauté ont été formés pour faire face à des situations de surdose. La Ville a dû injecter 3,4 millions $ pour lutter contre la crise des opioïdes et contre l’itinérance.

EN MODE PRÉVENTION

« J’écoute Greg pour voir ce qu’on peut faire à Québec. On va essayer d’agir en prévention », dit M. Labeaume. Déjà, la police travaille d’arrache-pied pour mettre la main au collet des trafiquant­s. Aussi, les services d’urgence disposent maintenant de la naxolone, un antidote utilisé pour contrer les surdoses d’opioïde.

Régis Labeaume espère que Québec ne sera pas frappée aussi durement. À Vancouver, même les sites d’injection supervisée ne fonctionne­nt pas pour endiguer la crise. Outre la prévention, la seule solution qui semble porter ses fruits est de fournir de l’héroïne propre aux toxicomane­s. « On espère ne pas en arriver là. »

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