Labeaume prend les devants pour en prévenir les ravages
TORONTO | Très inquiet des ravages que pourrait causer le fentanyl à Québec, le maire Régis Labeaume songe à instaurer davantage de formation et des mesures de prévention.
« Si ça frappe le Québec et l’ontario aussi fort que la Colombie-britannique, ce sera un terrible désastre. » Ces mots sortent de la bouche du maire de Vancouver, Gregor Robertson. Le Journal l’a rencontré à Toronto, en marge du Caucus des maires des grandes villes de la Fédération canadienne des municipalités.
La ville de l’ouest a été le « ground zero » de la crise des surdoses causées par les opioïdes, il y a un an. Aujourd’hui, le maire vit une situation très difficile, alors que plus de 300 morts sont survenues depuis à Vancouver. Il y en a eu quelque 1100 dans toute la Colombie-britannique. Les victimes sont surtout des hommes âgés de 20 et 55 ans, des gens ordinaires qui, pour la plupart, meurent seuls chez eux d’une surdose accidentelle.
« Et cela se déplace vers l’est », avise M. Robertson. Il multiplie les pressions auprès du gouvernement fédéral qui, selon lui, ne prend pas la situation assez au sérieux.
ÉVOLUTION IMPRÉVISIBLE
Le phénomène se déplace tranquillement, à mesure que l’insidieuse drogue devient disponible dans les autres provinces. « Les morts liées aux surdoses ont grimpé de 40 % en Alberta. Winnipeg et Toronto sont frappées. On ne sait pas quelle ville canadienne sera durement touchée ensuite. »
Le maire de Québec, Régis Labeaume, observe la situation avec appréhension. « Ça m’inquiète beaucoup pour les jeunes qui, parfois, peuvent prendre de la cochonnerie qui ne coûte pas cher. Et c’est pour ça que je veux que les gens sachent ce qui se passe à Vancouver. C’est aussi un signal que nous voulons envoyer à la jeunesse de Québec, dit-il. J’ai des discussions avec la police. Il n’est pas impossible qu’on prenne les devants pour faire de la formation et de l’information. C’est ce qui fonctionne. »
À Vancouver, les premiers répondants, les policiers, les pompiers, et certains intervenants de la communauté ont été formés pour faire face à des situations de surdose. La Ville a dû injecter 3,4 millions $ pour lutter contre la crise des opioïdes et contre l’itinérance.
EN MODE PRÉVENTION
« J’écoute Greg pour voir ce qu’on peut faire à Québec. On va essayer d’agir en prévention », dit M. Labeaume. Déjà, la police travaille d’arrache-pied pour mettre la main au collet des trafiquants. Aussi, les services d’urgence disposent maintenant de la naxolone, un antidote utilisé pour contrer les surdoses d’opioïde.
Régis Labeaume espère que Québec ne sera pas frappée aussi durement. À Vancouver, même les sites d’injection supervisée ne fonctionnent pas pour endiguer la crise. Outre la prévention, la seule solution qui semble porter ses fruits est de fournir de l’héroïne propre aux toxicomanes. « On espère ne pas en arriver là. »