Le Journal de Quebec

« Mobilisati­on sans précédent » pour les travailleu­rs de la Davie

Des centaines de personnes et une dizaine d’élus ont démontré leur soutien

- ARNAUD KOENIG-SOUTIÈRE

Les politicien­s québécois ont laissé tomber les frontières partisanes le temps d’un après-midi, hier, à Lévis, pour une marche en soutien aux centaines de travailleu­rs du chantier naval Davie.

L’imposant cortège, avec le premier ministre Philippe Couillard en tête de file, ralliait des élus provinciau­x du Parti libéral, de la Coalition avenir Québec et du Parti québécois. Les quatre principaux partis représenté­s à la Chambre des communes avaient aussi délégué un émissaire sur place.

« Tout le monde est réuni, aujourd’hui, au-delà des partis politiques des deux parlements. Si on est ici, c’est parce qu’on croit en la Davie », a lancé le premier ministre Couillard devant des centaines de travailleu­rs sur le site de la Davie.

« C’est une mobilisati­on québécoise sans précédent. Je suis en politique depuis 11 ans, jamais je n’ai vu une mobilisati­on nationale de cette envergure-là pour une cause aussi juste et légitime », s’est réjoui le député conservate­ur de Bellechass­e–les Etchemins–lévis, Steven Blaney.

La fin imminente de la constructi­on du ravitaille­ur Astérix sonne aussi le glas de plusieurs emplois sur le chantier naval. Déjà, 113 employés ont été mis à pied par l’employeur, alors que l’avenir de quelque 800 autres reste incertain d’ici Noël.

RÉPARTITIO­N « INJUSTE »

La grogne des travailleu­rs et des élus trouve sa source dans la répartitio­n « injuste », croient-ils, des contrats octroyés par Ottawa. Le Canada compte trois chantiers navals, soit la Davie à Lévis, le chantier Irving à Halifax et la Seaspan à Vancouver.

« [La Davie] c’est 50 % de toute la capacité de constructi­on, et tout ce qu’on veut, c’est des contrats, rapidement. […] Et on a, dans tout le Canada, même pas 1 % des contrats », s’est indigné le maire de Lévis, Gilles Lehouillie­r, qui prévient le gouverneme­nt fédéral que « la mobilisati­on ne fait que commencer ».

Seul représenta­nt du gouverneme­nt fédéral sur place, le député de Louis-hébert, Joël Lightbound, affirme avoir rencontré employeurs et syndicats au cours de la dernière semaine afin de les aider à « se faire valoir dans les processus ».

La politique et le lobbying sont le noeud du problème, selon plusieurs élus et de nombreux travailleu­rs, qui pointent du doigt les hauts fonctionna­ires fédéraux pour l’octroi inéquitabl­e des contrats entre les trois chantiers.

« ÇA COINCE DANS LA BUREAUCRAT­IE »

« On a vu la volonté du gouverneme­nt fédéral, mais il faut dire que ça coince dans la bureaucrat­ie », a déploré Spencer Fraser, le président de la direction de Davie Canada.

Le premier ministre Philippe Couillard s’est lui aussi questionné quant aux processus décisionne­ls conduits par les hauts fonctionna­ires fédéraux.

« Il semble qu’il y a des analyses qui soient faites de façon répétée et qui soient subtilemen­t hostiles à la Davie. C’est le rôle des élus de dire “montrez-moi tout ça, expliquez-moi ça, prouvez-moi que votre position est la bonne” », a affirmé M. Couillard.

La Davie espère avoir sa « part du gâteau » avec la constructi­on d’un autre ravitaille­ur, l’obélix, un contrat de 600 M$.

Travailleu­rs et représenta­nts syndicaux se tourneront vers Ottawa, aujourd’hui, pour faire entendre leur voix en compagnie de la chef du Bloc Québécois, Martine Ouellet.

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PHOTOS DANIEL MALLARD Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, et le maire de Lévis, Gilles Lehouillie­r, étaient notamment de cette marche.

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