La crise des opiacés nuit à l’économie américaine
La consommation de ces stupéfiants a coûté 504 milliards $ à l’économie des États-unis en 2015
WASHINGTON | (AFP) Décrétée urgence nationale par Donald Trump, la crise des opiacés, ces antidouleurs puissants qui tuent chaque jour 90 Américains, est aussi devenue un fléau pour l’économie, en rendant improductives des millions de personnes, alertent les experts.
Quelque 2,4 millions d’américains, sur environ 320 millions, sont désormais dépendants aux opiacés, une catégorie de stupéfiants englobant à la fois des médicaments analgésiques – tels que la morphine – délivrés sur ordonnance et de l’héroïne, souvent mélangée avec des substances de synthèse.
« Plus de 50 000 Américains sont morts d’une overdose de drogue en 2015 dont 63 % (33 091) en raison des opiacés. Le problème s’aggrave à un rythme alarmant avec un doublement des décès par opiacés en 10 ans et un quadruplement en 16 ans », déplorent les membres du Conseil économique de la Maison-blanche.
Ils affirment qu’en 2015 la crise des opiacés a coûté 504 milliards à l’économie américaine ou 2,8 % du PIB.
« La crise des opiacés affecte l’économie américaine en rendant invalides des travailleurs adultes dans les années où ils sont censés être les plus productifs », explique Thomas Bollyky, expert au Council on Foreign Relations.
« L’accroissement des prescriptions d’opiacés entre 1999 et 2015 pourrait compter à hauteur de 20 % du déclin de la participation des hommes au marché de l’emploi lors de cette période et de 25 % pour les femmes », chiffre Alan Krueger, économiste de l’université de Princeton. Et c’est dans les régions où les opiacés sont les plus prescrits que le déclin est le plus marqué.
MARCHÉ DE L’EMPLOI
La participation au marché de l’emploi s’élevait à 67,3 % au début des années 2000 pour tomber à son plus bas niveau en 40 ans en 2015, à 62,4 %, l’un des taux les plus bas de L’OCDE qui regroupe les pays industrialisés.
Au-delà de l’impact sur le marché de l’emploi et sur les entreprises privées, c’est l’économie tout entière qui pâtit de cette crise. Sans emplois, ces personnes ne disposent pas de revenus et ne peuvent donc pas consommer dans un pays où les dépenses des ménages sont le principal vecteur de la croissance.
« La crise des opiacés trouve ses origines dans une mauvaise pratique médicale, en particulier une surprescription pour des personnes qui ont des problèmes chroniques sans surveillance adéquate du risque de dépendance », explique Thomas Bollyky.
En une vingtaine d’années, leurs prescriptions ont ainsi bondi de 300 %, dit-il.