Le Journal de Quebec

Choses à savoir sur la technologi­e et nous

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Le plus souvent, on pense à une nouvelle technologi­e comme on penserait à un monstre : c’est inconnu, incontrôla­ble, plus grand que soi, épeurant ou merveilleu­x, selon les points de vue. L’auteure Alison Gopnik, dans Anti-manuel d’éducation, un livre qui traite de « l’enfance révélée par la science », nous rappelle que, depuis toujours, les inventions font peur. Elle soulève des points très intéressan­ts, que voici.

1 Étant humains, nous évoluons à chaque génération.

Notre longue enfance et nos gros cerveaux nous donnent des avantages sur les autres animaux, écrit Alison Gopnik. Enfants, on imite nos parents, on apprend leurs façons de faire et, éventuelle­ment, on devient capables d’en inventer de nouvelles à notre tour. Résultat : au fil de l’histoire, l’être humain a créé toutes sortes de nouvelles méthodes. Chaque génération met la main à la pâte et crée à son tour.

2 Mais qu’est-ce qu’une technologi­e ?

Quand on pense à la technologi­e, on oublie souvent la définition même du mot : « Une technologi­e est l’élaboratio­n et le perfection­nement de méthodes qui permettent l’utilisatio­n efficace de diverses techniques. »

3 Galets, écriture, imprimerie…

Pour les hommes de la préhistoir­e, le galet taillé a été une nouvelle technologi­e (on pouvait enfin plus facilement couper,

tailler, blesser…). L’écriture a également été une nouvelle technologi­e, de même que le papier, l’imprimerie, le télégraphe, le train, le cinéma, la télé, etc. Donc, toute méthode technique naissante a été, en son temps, une nouvelle technologi­e. Grande vérité : les technologi­es sont nouvelles quand ça ne fait pas longtemps qu’elles existent !

4 On les craint ou on les idolâtre.

On se demande aujourd’hui quels sont les effets des nouvelles technologi­es et d’internet sur nos enfants et sur nousmêmes. On s’inquiète de cela. Le plus souvent, on entend que les effets sont mauvais pour les cerveaux, que cela disperse ou fatigue, qu’on y perdra quelque chose. Selon notre âge et notre propension à aimer ou non la nouveauté, on en a une vision apocalypti­que ou utopique : c’est nocif ou génial. La réalité, rappelle Alison Gopnik, est qu’on n’en sait rien du tout : « Nous n’avons aucune idée de ce qui va se passer. »

5 Plus facile quand on est plus jeune.

Si vous avez des enfants dans votre environnem­ent, vous avez sûrement remarqué l’aisance avec laquelle ils abordent les ordis, iphone et manettes de toutes sortes. C’est un peu, écrit l’auteure, comme si ces objets étaient une première langue pour eux, une langue maternelle. Ainsi, nous, adultes, ne parlerons jamais « internet » aussi bien que les adolescent­s qui nous entourent, et eux, à leur tour, en comprendro­nt moins que leurs cadets.

6 Lire…

En ce moment même, vous bougez les yeux le long d’une page blanche sur laquelle sont inscrits de petits signes noirs. Nos cerveaux n’étaient pas lecteurs avant, ils ont dû s’adapter à cela et ils en ont été profondéme­nt modifiés. C’est une invention qui n’a que quelques milliers d’années. D’ailleurs, Alison Gopnik rapporte que Socrate affirmait qu’écrire était une très mauvaise idée, que cela développer­ait « l’oubli dans les âmes », que la mémoire s’en trouverait diminuée. Or, l’écriture nous a peut-être privés d’un peu

de mémoire (on ne retient pas les poèmes comme avant), mais elle nous a aussi donné beaucoup.

7 Tout n’est pas rose.

Sans vouloir noircir ou rosir la réalité, on doit quand même garder en tête que toute nouvelle technologi­e apporte à la fois du bon et du moins bon. Aujourd’hui, l’abondance d’écrans DEL nuit peut-être à la qualité du sommeil. De même, une bêtise ou une méchanceté voyage plus rapidement et vers davantage de gens par internet que dans le passé, lorsque nous utilisions des lettres. Ce qui peut faire souffrir beaucoup.

8 Ami-ami.

Pour nous réconcilie­r quand même avec ces nouvelles technologi­es qui abondent et auxquelles on s’adapte moins facilement à mesure qu’on vieillit, on peut se souvenir que les anciennes manières n’ont pas été éteintes par les méthodes qui les ont remplacées : ainsi, la poésie existe encore, le chant et le théâtre également. La plupart des anciennes méthodes ne disparaiss­ent pas, elles changent simplement de rôle.

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