Le Journal de Quebec

Le chemin de Lacroix arrive à son terme

- GUY FOURNIER guy.fournier @quebecorme­dia.com

Être PDG de Cbc/radio-canada n’a jamais été une sinécure. Pour Hubert Lacroix, dont le mandat se termine, ce fut un véritable chemin de croix. Comme son illustre prédécesse­ur de l’évangile, le pauvre homme a trébuché trois fois, le gouverneme­nt ayant semé sur sa route des compressio­ns budgétaire­s en 2009, 2012 et 2014.

En plus de ces embûches budgétaire­s, il a dû supporter maints outrages, dont la trahison de son apôtre Alain Saulnier, directeur de l’informatio­n et des affaires publiques du réseau français. Lacroix lui avait montré la porte en 2012. Puis, il y a eu l’affaire Gomeshi, l’abandon du « cadeau » de 60 millions $ qu’ottawa octroyait depuis Sheila Copps pour bonifier les émissions, la perte des droits du hockey de la LNH au profit de Rogers, sans parler de l’injure que lui faisaient ses propres employés l’accusant périodique­ment d’être le valet du gouverneme­nt Harper.

Durant ses 10 années de mandat, outre la course à pied (Lacroix est un marathonie­n émérite), il a eu mille raisons de rester filiforme, d’être presque décharné. Son calvaire prendra fin officielle­ment le 31 décembre. D’ici là, le gouverneme­nt nommera un nouveau PDG de CBC/SRC. Sans doute une femme – ce serait une première –, anglophone, puisqu’on n’osera mettre fin à la tradition de l’alternance. Souhaitons seulement qu’on perde la mauvaise habitude de nommer quelqu’un ayant peu ou pas d’expérience du tout en diffusion.

TOUT UN CHOC

Même s’il avait été président de Télémédia durant quelques années, c’est un choc « culturel » qu’a subi Hubert Lacroix en prenant les rênes de Radio-canada. Il a fini par s’acclimater à cette maison quasi ingouverna­ble, habitée par deux réseaux qui sont un triste exemple des deux solitudes de notre pays.

Lacroix fut un PDG plutôt solitaire, ayant quelque mal à communique­r avec ses subalterne­s. Vindicatif, il avait pensé poursuivre en justice Alain Saulnier, dont le livre, Ici était Radio-canada, est une charge à fond de train contre lui. Malgré un caractère revêche, Lacroix a réussi à rétablir avec les syndicats du réseau anglais des relations mises à mal par le lockout qu’avait décrété son prédécesse­ur. Quant aux relations avec les syndicats francophon­es, elles sont toujours restées cahoteuses.

DU PAIN SUR LA PLANCHE

Lacroix a défendu avec acharnemen­t la présence régionale de Radio-canada en informatio­n. Il a aussi mené à bien la vente de l’énorme terrain de Radio-canada à Montréal ainsi que la constructi­on d’une nouvelle maison plus modeste et mieux adaptée à notre époque. A-t-il réussi le virage numérique que l’ancien ministre James Moore jugeait vital ? À sa face même, le virage semble bien amorcé, mais son orientatio­n est encore confuse pour l’ensemble du personnel. Voilà du pain sur la planche pour le successeur.

Lacroix n’a pas à rougir du travail accompli. Malheureus­ement, le prochain PDG entreprend­ra son mandat à la tête d’une société d’état que le gouverneme­nt n’a pas encore eu le courage de remettre en question et de restructur­er. Il (ou elle ?) devra composer avec un diffuseur mal structuré au plus haut niveau administra­tif, financé à court terme, dépendant de la publicité et empêtré dans une gestion et des façons de faire coûteuses et qui sont d’un autre âge.

TÉLÉPENSÉE DU JOUR

Pourquoi ne pas avoir confié la tutelle de la police de Montréal à Luc Dionne ? Ça va bien dans sa série District 31 !

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