Le Journal de Quebec

Pas d’accusation pour un geste qui a coûté une vie

Les parents de la victime n’en reviennent pas

- CATHERINE BOUCHARD Le Journal de Québec

Les parents de Jessika Ruest, happée mortelleme­nt le 11 juillet dernier à Saint-raymond alors qu’elle promenait son chien sur la route 365, sont atterrés après avoir appris qu’aucune accusation ne serait portée contre la conductric­e.

René Ruest et Chantal Filteau ont appris la nouvelle le 4 décembre dernier, près de cinq mois après avoir perdu leur unique enfant, alors âgée de 24 ans.

« Le procureur a décidé qu’il n’y avait pas de matière à poursuite, car il considérai­t que l’accident avait pour origine une distractio­n, s’insurge M. Ruest. Je n’ai pas aimé cette réponse du tout. »

Or, au lendemain de l’événement, des témoins ont rapporté que la conductric­e disait chercher un chèque-cadeau dans le coffre à gants de sa voiture, lorsqu’elle a happé Jessika. Sur le coup, elle croyait avoir frappé une borne-fontaine.

DISTRACTIO­N

« Pour moi, de la distractio­n, c’est un acte impromptu, quelque chose qui nous prend par surprise. La conductric­e a choisi de regarder dans son coffre à gants, ce n’est donc pas une distractio­n », enchaîne Mme Filteau.

Le couple, présenteme­nt à l’extérieur du pays, planifie de contacter un avocat. « Je veux voir s’il est possible de contester une décision de la couronne », explique le père de Jessika.

Malgré leur colère, les intentions du couple ne sont pas de traîner la conductric­e dans la boue. Mais les parents éprouvés auraient souhaité qu’elle ait des conséquenc­es et qu’elle pose un geste de sensibilis­ation.

« Elle pourrait, par exemple, s’impliquer dans la prévention de la distractio­n au volant », observe M. Ruest.

EXCUSES DEMANDÉES

« On punit le cellulaire, la drogue et l’alcool au volant, mais on ne punit pas ça. Ça n’a pas de sens », ajoute la mère. Elle souhaitera­it également des excuses de la part de la conductric­e.

Il s’agit d’un coup dur de plus pour le couple qui s’apprête à célébrer leur premier Noël depuis le décès de Jessika. « Le 11e jour de chaque mois, ça nous hante », confie M. Ruest.

Le couple tente du mieux qu’il le peut de surmonter cette épreuve. « Ce sont des montagnes russes », poursuit le père, ému par les sanglots de sa conjointe.

« J’ai beaucoup changé. Avant, je voyais beaucoup d’amis, mais là, on vit une retraite fermée. On se force pour ne pas se rendre fous, mais ça va toujours nous faire mal », termine M. Ruest.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada