L’état islamique, anéanti. Et après ?
C’est donc réglé : la guerre contre l’état islamique a été gagnée. L’énergie et les milliards de dollars investis à pourchasser ces illuminés qui, au nom d’allah, décapitaient, immolaient, violaient et vendaient comme esclaves d’autres musulmans ont conduit à cette victoire. On fait quoi maintenant ?
Prenons juste un peu de recul. Il y a trois ans à peine, les islamistes se ruaient sur l’irak et la Syrie, progressant à une vitesse ahurissante. Des dizaines de milliers de combattants étrangers venaient joindre les djihadistes locaux : anciens de l’armée de Saddam Hussein, extrémistes sunnites fanatisés et ennemis jurés de Bachar al-assad.
En quelques semaines, ils avaient conquis le tiers de l’irak – Falloujah, Mossoul, Tikrit, Ramadi – et tout le nord de la Syrie, dont Raqqa, soi-disant capitale du nouveau califat. Dix millions de personnes se sont retrouvées sous leur autorité, ainsi que des capacités pétrolières, financières et autres capables de soutenir ce nouvel « État islamique » pour des générations.
Sortie de sa stupeur initiale, la communauté internationale s’est organisée, s’est trouvé des interlocuteurs plus modérés sur le terrain et est venue au secours de Bagdad.
Finalement, hier matin, le premier ministre irakien Haider al-abadi triomphait, en annonçant que les forces irakiennes contrôlaient désormais toute la frontière irako-syrienne : « J’annonce, du coup, la fin de la guerre contre Daech. », l’acronyme en arabe de l’état islamique. Jeudi, les militaires russes avaient lancé leur propre « Mission accomplie ! » en Syrie.
DJIHADISTES, MORTS OU VIFS ?
Les proches du calife autoproclamé Abou Bakr al-baghdadi se vantaient, il y a deux ans, d’avoir 100 000 combattants dans leurs rangs. Tous tués ? Réhabilités après avoir compris qu’ils étaient dans l’erreur ? Ou dispersés aux quatre coins du Moyen-orient et du monde, rageurs et en attente de vengeance ?
Une chose est sûre, on a mis le paquet pour les écraser. Il faut retourner à la Seconde Guerre mondiale et aux campagnes contre le nazisme pour voir, côte à côte, des alliés qui, en temps normal, n’ont que de la méfiance les uns envers les autres. Russes, Américains, Iraniens, Arabes du golfe Persique, Turcs, Kurdes : tous ont fini par concentrer leurs efforts sur la destruction de ce fanatisme.
UNE VRAIE GUERRE MONDIALE
La grande coalition internationale, on la doit aux États-unis qui ont réussi, sous Barack Obama, à rassembler des membres de L’OTAN, alliés traditionnels, et une série hétéroclite de pays – soixante-dix au total – qui se sont engagés autant dans le combat militaire que la neutralisation du financement et la lutte à la propagande
Le Canada fait sa part depuis octobre 2014 avec l’opération IMPACT. Les seize premiers mois ont été particulièrement intenses avec près de 1400 raids effectués par les CF-18 contre les positions islamistes. Une mission qui, comme pour toute campagne militaire, ne se fait pas à rabais : difficile d’avoir des chiffres précis de la Défense nationale, mais un milliard de dollars ont certainement été engloutis dans cette intervention qu’ottawa a renouvelée jusqu’en mars 2019.
DANS LA GUEULE DU LOUP
Les extrémistes fuient maintenant dans tous les sens et ne manquent pas de champs de bataille : le Yémen, le Sinaï, la Libye. Il se trouvera des « loups solitaires » qui chercheront, jusqu’à chez nous, à semer la terreur.
Sauf qu’avec la destruction de l’état islamique en Irak et en Syrie, c’est le centre nerveux qui complotait et planifiait des attentats comme ceux commis à Paris, Bruxelles et Istanbul qui est écrasé. On peut, sans trop de naïveté, déduire que moins d’innocents seront fauchés en 2018 par des terroristes endoctrinés par ces fous d’allah. C’est déjà ça de gagné.