Le Journal de Quebec

De l’amour vrai dans le couple

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Je m’adresse ici à Béatrice et à toutes les femmes qui s’imaginent que la vie est finie quand celui qu’elles appellent « mon homme » (comme si un humain pouvait appartenir à un autre humain) choisit de les laisser au bord de la route pour en prendre une autre, alors qu’elles s’imaginaien­t se diriger vers une retraite tranquille avec lui.

Je m’imaginais moi aussi sur la même longueur d’onde que mon mari, celui que j’aimais plus que tout et qui semblait me rendre la pareille. Dans notre cas aussi 15 ans d’âge nous séparaient et semblaient me donner une longueur d’avance (plus belle et plus fraîche parce que plus jeune) sur toutes les autres de son âge.

Mais quand l’âge de la retraite a sonné pour lui, je n’étais pas prête moi non plus à quitter mon travail, mon Québec et notre fille devenue mère, pour le suivre en Floride six mois par année. Et je m’imaginais moi aussi comme Béatrice que je pouvais le laisser partir seul sans craindre pour notre amour.

Mais reste-t-il de l’amour dans un couple quand les deux sont prêts à vivre loin l’un de l’autre aussi longtemps sans s’ennuyer ? Parce que non, il ne s’ennuyait pas en Floride, pas plus que moi je ne m’ennuyais de lui au Québec. On se possédait et on savait qu’on allait se retrouver au printemps venu. Mais je vivais dans le déni du fait que depuis les quatre ou cinq dernières années de notre vie commune, nous nous disputions souvent pour des riens et nous étions plus fréquemmen­t qu’avant en désaccord sur les petites choses simples de la vie.

Cela s’appelle l’usure du couple, ma chère Béatrice, et nous la vivions comme tous les autres couples, alors que je m’imaginais que cet homme qui avait déjà laissé une femme pour moi ne pouvait que m’aimer pour toujours. Hélas non, personne n’est à l’abri de perdre sa place dans le coeur de quelqu’un quand la flamme n’existe plus.

Et c’est ça qui pour moi fut le plus difficile à accepter : la flamme s’était éteinte entre nous sans que je m’en rende compte. J’ai mis deux bonnes années à accepter le rejet vécu par son départ, alors que j’aurais dû savoir que de mon côté non plus il n’y avait plus d’élan véritable. Croyez-en mon expérience et cessez de vous morfondre à haïr et regretter cet homme Béatrice, vous perdez des années précieuses que vous pourriez mettre à vous reconstrui­re. Et même si vous n’en parlez pas, sachez qu’on oublie vite le luxe procuré par une vie à deux avec un homme nanti quand on apprend à se retrouver, heureuse, juste avec soi-même. Bien amicalemen­t entre femmes

Dans ma réponse à Béatrice, j’avais en effet occulté l’aspect financier de cette séparation, me basant sur le fait qu’elle menait quand même à bien sa carrière. Mais vous avez raison d’en souligner l’importance non négligeabl­e.

Comme je le lui soulignais, ce n’est pas la retraite qui est venue à bout de son couple. Celui-ci, comme plusieurs autres, s’était délité au fil des ans sans qu’aucun des protagonis­tes s’en rende compte. Pas plus lui qu’elle. Mais comme l’homme est en général plus égocentris­te que la femme, c’est souvent lui qui réagit plus vite en quittant ce qui ne lui va plus, pour retrouver au plus vite son équilibre.

Et quoi qu’on en pense, la flamme de l’amour est ce qui est le plus ardu à maintenir en vie. Et cela le sera de plus en plus au fur et à mesure que la longévité humaine progresser­a. Il faudra du carburant pour un plus grand nombre d’années de vie à deux.

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