Le Journal de Quebec

Le plus dur : dire non aux offres

-

MIAMI | C’est une sortie de scène grandiose qu’a réussie Jean Pascal vendredi soir à Miami. Quand il est descendu du ring, il était un homme heureux, un homme libre.

Dans la cohue, son frère, qui oeuvre au consulat d’haïti à Miami, a vivement glissé sa carte d’affaires dans ma main pendant que je notais une réponse du vainqueur. C’était une belle façon de rappeler que Jean Pascal a des racines profondes autant en Haïti qu’au Québec.

Un homme heureux parce que les chanceux qui ont pu visionner ce combat hargneux et passionné au Québec ont vu des coups et des expression­s du visage de Pascal qu’on ne percevait pas dans la furie du ring.

C’est en visionnant les images du combat hier matin que j’ai réalisé toute la hargne et la fureur de Pascal dans ses coups. S’il s’était battu de cette façon contre Eleider Alvarez, le rythme de la bagarre aurait été bien différent.

DIRE NON AUX OFFRES

Mais curieuseme­nt, le plus difficile s’en vient pour Jean Pascal. Il a annoncé et confirmé qu’il prenait sa retraite. Que c’était son dernier combat. Et ce serait formidable puisqu’il aurait quitté sur la plus belle note qu’on puisse rêver.

Mais maintenant, Jean devra dire non aux offres qui vont affluer. Déjà, hier, on avançait sur les sites spécialisé­s américains comme Boxing Scene et Premier Boxing Champions (PBC) que la valeur de Pascal avait fait un bond formidable vendredi soir. L’ancien champion a prouvé qu’il était capable d’une grande performanc­e, qu’il était très spectacula­ire quand il se donnait à fond et que, surtout, il avait un nom connu et respecté dans la boxe.

D’ailleurs, son ancien promoteur Camille Estephan partage cette opinion : « C’est certain que Jean Pascal a une belle valeur pour de bons combats. Les gens l’ont vu, hargneux et engagé et ils ont aimé ce qu’ils ont vu. Pascal va recevoir des offres, c’est certain. C’est lui qui aura le dernier mot et le choix », de dire Estephan.

Même son de cloche de Leon Margolis après la soirée à Miami : « On espérait beaucoup de Jean, il a donné encore plus. Les gens de la télé sont très satisfaits, pas besoin d’insister », a-t-il dit.

Pour Margolis, ce fut une soirée de rêve. Pascal a offert une finale excitante et spectacula­ire dans un combat sans temps morts, et Luis Ortiz, le gros King Kong de poids lourd, a libéré le plancher en deux rounds. Il a donné un bon show digne de la WWE avec Deontay Wilder, et on a revu son adversaire Daniel Martz plus tard au bar avec ses bottines de boxe aux pieds et une bouteille de scotch à la main. Il se remettait de son knock-out. Lui, Oscar Rivas pourrait lui arranger le portrait.

DES OFFRES DIFFÉRENTE­S

Donc, à moins qu’il ne change d’idée, Jean Pascal n’est plus un boxeur. Il va sans doute recevoir des offres pour oeuvrer dans les médias, mais cet homme intelligen­t et coloré peut faire bien d’autres projets.

Hier en début de soirée, le vétéran se reposait à Miami où il va demeurer jusqu’à demain : « Je suis racké, c’est certain. Ce fut un dur combat, mais je suis fier de ce que j’ai fait. Surtout, ça m’a profondéme­nt touché de voir les visages et les yeux souriants des gens de mon entourage. Ils étaient heureux et ça faisait longtemps que je n’avais pas vu ces regards », de dire Pascal.

Il va donc se reposer quelques jours puis réfléchir à ce que sera sa nouvelle vie : « Je suis instruit, je suis éduqué, j’ai des projets. C’est certain que les médias m’intéressen­t. J’aurais des choses à dire, des sujets de réflexion », a-t-il ajouté.

Mais je le répète, le plus difficile sera de dire non à la boxe. Souvent après une belle prestation sur scène, les applaudiss­ements provoquent un rappel. Une autre chanson. La tentation est toujours forte.

Mais Elvis n’a jamais donné un rappel de sa carrière.

Jean Pascal has left the building. Thank you and good night.

 ?? PHOTO USA TODAY ?? Jean Pascal s’est retiré sur une note positive.
PHOTO USA TODAY Jean Pascal s’est retiré sur une note positive.

Newspapers in French

Newspapers from Canada