Levée de boucliers contre Ottawa pour la Davie
800 travailleurs pourraient bientôt perdre leur emploi
La pression augmente d’un cran sur le fédéral pour qu’il octroie au chantier naval Davie à Québec sa juste part du programme de 100 milliards $ pour la construction des navires fédéraux.
Plusieurs emplois bien rémunérés sont menacés d’être supprimés si Ottawa ignore l’expertise de l’entreprise.
« On va mettre à pied 800 personnes, c’est inacceptable ! a lancé Spencer Fraser, membre de la haute direction de la Davie. C’est le deux tiers des employés, juste avant Noël… C’est vraiment triste. Pourtant, on ne demande pas la pitié d’ottawa, on veut juste notre juste part des contrats. »
La dernière commande du chantier, le navire Asterix, sera livrée dans les prochains jours, et après, plus rien.
UNE CENTAINE DE NAVIRES
Pourtant, selon Davie, le fédéral n’arrivera pas à remplacer comme prévu une centaine de navires de la flotte fédérale d’ici 20 ans. « On va-tu être obligé d’acheter des bateaux à l’étranger ? C’est comme un Phénix 2.0, a dit M. Fraser, qui fait référence aux problèmes systémiques dans le logiciel de paye des employés fédéraux. C’est un programme de 100 milliards de dollars, et le Québec va recevoir seulement 1 % des retombées, alors qu’on a 50 % des capacités de production ! »
« Ça commence à avoir une odeur de scandale, a dit l’ancien premier ministre Bernard Landry, en entrevue sur les ondes de LCN. Ne pas traiter le Québec justement, ce n’est pas la première fois que ça arrive. »
Rappelons que 400 emplois, inclus dans les 800 annoncés, ont déjà été supprimés dans les deux dernières semaines. Encore pire, le Québec compte 814 sous-traitants qui travaillent pour la Davie et dont les contrats sont menacés.
INTERFÉRENCES
Parmi les responsables politiques, syndicaux et du patronat rassemblés à la conférence de presse hier, plusieurs ont laissé entendre que des jeux de pouvoir expliquent que le fédéral ne donne pas de contrats à la Davie.
L’influente famille Irving, des Maritimes, a été mentionnée pour dire que des pressions politiques s’exercent sur le fédéral pour privilégier les chantiers de Halifax et de Vancouver. « Il faut connaître l’histoire du Canada pour comprendre que les soupçons sont sûrement fondés », a dit le député du Parti québécois Nicolas Marceau.
Quant au député néo-démocrate Alexandre Boulerice, il estime que « le Québec n’a pas eu sa part et qu’il s’agit là d’une belle occasion pour le gouvernement fédéral d’aider la classe moyenne, comme il le répète souvent, en sauvant des centaines d’emplois ».