Préposé étranglé par un patient
L’employé, qui a eu peur de mourir, dénonce le manque de formation pour les situations d’urgence
Agressé sauvagement par un patient intoxiqué, un préposé aux bénéficiaires déplore que les actes violents ne soient pas pris assez au sérieux et que les employés de la santé ne soient pas mieux formés pour se défendre.
Coups à la tête, prise de l’ours et étranglement : René Defoy a eu peur d’y rester le soir du 26 février 2017, à l’urgence de l’hôtel-dieu de Lévis. « J’avais la corde au cou, il m’égorgeait avec le moniteur », a raconté le préposé aux bénéficiaires qui vit encore avec les séquelles liées à l’attaque d’un patient intoxiqué.
Ce soir-là, un homme désorienté et impulsif a été admis à l’urgence. « Il est entré avec les policiers et nous avons dû le maîtriser, avec les policiers et les agents de sécurité de l’hôpital », a relaté M. Defoy. Il a été transporté dans un département pour se calmer, branché à un moniteur afin de vérifier son rythme cardiaque. « À l’hôpital, on n’est pas équipés pour recevoir des patients comme ça », a plaidé la victime.
VIOLENTE ALTERCATION
Vers 23 h, l’hôpital lui a demandé de faire une surveillance de cet homme en attendant un employé de la firme de sécurité Garda. « Ça arrive souvent de faire de la surveillance et de rendre des services privés à la fin de nos quarts de travail », a-t-il expliqué.
Un peu avant minuit, l’agent de sécurité est arrivé. Mais, au moment de partir, le patient est devenu agressif. « Il était “crinqué”. Il a foncé sur l’infirmière. J’ai placé ma main et dit son nom pour l’en empêcher. C’est là qu’il m’a donné un coup de poing à la tête. J’ai été saisi », a mentionné le préposé.
Il a tout de même réussi à le maîtriser partiellement dans une chambre. « Il se débattait, je me faisais fesser sur la tête », a-t-il relaté, indiquant que son crâne a percuté une machine. Durant l’intervention, René Defoy a couché l’individu au sol. C’est à ce moment que le patient a pris le fil du moniteur et l’a passé autour du cou de M. Defoy.
« Il m’étranglait avec le fil. C’est la dernière chose que j’ai vue. J’ai perdu la notion du temps », a-t-il expliqué, avant qu’un infirmier ne vienne à sa rescousse. « Je ne respirais plus, a-t-il précisé. Ils ont réussi à le piquer. »
PAS DE PRISON
À la suite de l’agression, M. Defoy a porté plainte aux policiers de Lévis. Son agresseur a plaidé coupable à une agression simple et a dû payer une amende de 650 $, selon ce qu’a pu constater Le Journal. « Si ça s’était produit dans un bar, il serait accusé de tentative de meurtre ou peut-être de voies de fait graves causant des lésions », a critiqué M. Defoy.
Selon lui, les incidents violents qui se produisent dans les hôpitaux ne sont pas traités de la même manière dans les palais de justice. Un point de vue que partage la Fédération professionnelle des préposés et bénéficiaires du Québec (voir autre texte).
« Je veux dénoncer ce qui se passe globalement dans les urgences et les milieux hospitaliers. Je n’ai rien contre mon employeur. Il manque de formation et de ressources partout dans le système », a précisé le plaignant. M. Defoy reçoit le soutien du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) et de la CNESST.
Il effectue un retour progressif au travail depuis quelques semaines. Le CIUSSS de Chaudière-appalaches a indiqué que de nouvelles mesures ont été mises en place cette année avec le Service de police de Lévis.