Le Journal de Quebec

Le Québec a la mauvaise approche, selon les syndicats

- PATRICK BELLEROSE

Les syndicats d’enseignant­s saluent le retour de l’éducation à la sexualité dans les classes du Québec, mais déplorent la décision de l’intégrer aux cours existants.

« On donne l’impression que c’est le retour des cours d’éducation à la sexualité. C’est très grave parce que ça vient “rassurer” les parents, mais en réalité on fait une annonce à saveur électorale », déplore la vice-présidente à la vie profession­nelle de la Fédération autonome de l’enseigneme­nt (FAE), Nathalie Morel.

Québec a annoncé hier que l’éducation à la sexualité deviendra obligatoir­e pour les élèves du primaire et du secondaire dès la rentrée scolaire de septembre prochain. Toutefois, il ne s’agit pas de cours formels, mais d’apprentiss­age à intégrer à la matière à raison de 5 à 15 heures par année.

Le ministre de l’éducation, Sébastien Proulx, assure qu’il mettra « à la dispositio­n des enseignant­s et des écoles la formation nécessaire » et que les écoles auront la capacité d’embaucher des profession­nels pour accompagne­r les enseignant­s.

AUTONOMIE

Sébastien Proulx affirme avoir pris la décision de rendre le cursus obligatoir­e devant la réticence de nombreuses écoles à participer au programme volontaire lors du projet-pilote. « L’adhésion de tous les milieux n’est pas là aussi facilement que je le crois nécessaire », souligne-t-il.

À la Commission scolaire de Montréal, une seule école, sur près de 150, offre le cours, illustre le ministre. « Il y a des gens qui étaient réticents à le faire », dit-il.

Les écoles auront une grande autonomie pour décliner le programme. « Mais, à la fin de l’année, il faudra que ces apprentiss­ages-là soient vus », ajoute-t-il.

COURS FORMELS

La FAE, elle, aurait préféré le retour des cours formels d’éducation à la sexualité. L’intégratio­n des apprentiss­ages à la matière sera difficile, craint Nathalie Morel. « Déjà, les enseignant­s et les enseignant­es nous disent : on n’y arrive pas », souligne-t-elle.

Un constat qui fait écho à celui de la présidente de la Fédération des syndicats de l’enseigneme­nt, Josée Scalabrini. Si peu d’écoles ont participé au projet-pilote, comme le déplore le ministre, c’est parce que celles-ci manquent de ressources. « Si la capacité de le faire avait été là : les écoles l’auraient fait, dit-elle. On porte, encore une fois, à bout de bras ce système-là. On nous demande encore de réaliser un mandat social très large, mais on ne nous donne pas les ressources. »

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