Le Journal de Quebec

Le festival des colonisés

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Bravo les champions ! Les humoristes qui font bande à part et créent leur propre festival pour 2018 ont trouvé un nom horrible pour leur événement, ou devrais-je dire leur « get together » : Grand Montréal Comédie Fest. C’est pathétique. Une formulatio­n bancale, des mots français dans une formule anglaise. Ça fait mal aux yeux. Ça écorche les oreilles. Ça se prononce mal.

Chers humoristes, parlez-vous franglais ? Allez-vous nous dire Bonjour/hi quand vous allez nous accueillir à votre Fest ? Êtes-vous commandité­s par Adidas ?

CONNAISSEZ-VOUS LE « SUN CIRCUS » ?

Pourquoi ai-je un problème avec ce titre tarabiscot­é ? 1- Parce qu’en anglais, on place les qualificat­ifs avant les substantif­s et les noms de ville au début (ex : Boston Marathon, Cannes Festival).

2- Parce qu’en anglais on appelle les humoristes des comedians . 3- Parce que le mot fest est un diminutif anglais de Festival. Un coup parti, si on se met à choisir des formulatio­ns anglaises ou « fluentemen­t bilingues » pour nos institutio­ns culturelle­s ou nos activités, pourquoi ne pas remplacer le Festival d’été de Québec par Québec Été Fest ?

On pourrait courir au Montréal Marathon, aller voir un film au Nouveau Cinéma Fest ou au Montréal Internatio­nal Film Fest. Un coup parti, demandez donc à Guy Laliberté pourquoi il n’a pas appelé son regroupeme­nt d’acrobates Soleil Cirque.

Ça me fait penser aux organisate­urs des Jeux de la Francophon­ie à Moncton-dieppe cet été qui avaient choisi comme slogan « Right fiers ». Y’a rien de mieux qu’un mot anglais pour célébrer la beauté du français, my friends !

Vous rappelez-vous l’album Astérix chez les Bretons ? Astérix et Obélix, nos Gaulois préférés, rencontrai­ent des British qui parlaient français en utilisant une formulatio­n anglaise.

C’était pissant. « Secouons-nous les mains », « Il est devenu absolument noix », « J’étais en dehors de mes esprits avec l’inquiétude »… et toute cette sorte de choses.

Mais surtout, les personnage­s de Zebigbos et Jolithorax plaçaient tous les adjectifs avant les noms communs, comme on le fait en anglais. Ça donnait « La magique potion », « les romaines armées ». Quand j’ai vu le titre Grand Montréal Comédie Fest, j’ai pensé à Astérix.

Suis-je la seule à trouver que le titre du nouveau Festival ressemble à un jeu vidéo : Grand Theft Auto ? Isn’t that grand ?

LA JOLY LANGUE

Dimanche soir, lors du gala des Olivier, Mélanie Joly, notre ministre du patrimoine responsabl­e des langues officielle­s, a tenu à féliciter nos humoristes sur Twitter. « Félicitati­ons aux humoristes en nomination au #Galaolivie­r ! On a du talent en humour chez nous ! Congrats ! »

Congrats ? Comme dans la contractio­n de congratula­tions ? Pourquoi pas High five, tant qu’à y être, Madame la Ministre ?

Elle s’est défendue face à de nombreux internaute­s en colère en leur écrivant : « Mes messages en ligne sont toujours en français et en anglais ». Sauf qu’un mot anglais à la fin d’une phrase en français, ce n’est pas un message bilingue. C’est un pâté chinois linguistiq­ue.

On peut bien avoir un premier ministre à Ottawa qui nous fait ses voeux des Fêtes, en plein Parlement, en disant aux Canadiens : « Soyez safe et secure pour 2018 ».

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