Le Journal de Quebec

Éliminer le visa mexicain coûte 30 M$ aux douanes

Le Canada déboursera 10 uniquement pour former de nouveaux douaniers

- CHRISTOPHE­R NARDI

OTTAWA | La décision du gouverneme­nt Trudeau d’annuler l’exigence d’un visa aux Mexicains imposée par le gouverneme­nt Harper en 2009 coûtera pas moins de 30 millions $ l’an prochain aux services frontalier­s uniquement. Un choix coûteux qui en fait bondir plus d’un.

« Encore une fois, on voit que le gouverneme­nt prend des décisions politiques sans égard pour le prix », lance Carl Vallée, ancien attaché de presse sous Stephen Harper, aujourd’hui directeur québécois de la Fédération canadienne des contribuab­les (FCC).

En 2009, devant une hausse importante du nombre de demandeurs d’asile en provenance du Mexique, le gouverneme­nt conservate­ur avait décidé d’exiger que tous les voyageurs de ce pays s’arment d’un visa s’ils voulaient entrer au Canada.

COÛTS

À cette époque, on voulait réduire le nombre élevé de demandes d’asile de Mexicains en limitant ceux qui pouvaient voyager ici.

On estimait alors que la mise en place de cette initiative coûterait entre 180 M$ et 300 M$ sur cinq ans. Or, quelques mois après son arrivée au pouvoir en 2015, Justin Trudeau a décidé que le Canada s’en débarrasse­rait à la fin de 2016. Aucun coût n’avait été dévoilé à ce moment-là.

Finalement, des documents financiers de l’agence des services frontalier­s du Canada (ASFC) obtenus par Le Journal révèlent que la décision de Trudeau leur coûtera pas moins de 29,1 M$ l’année prochaine. Cela sans compter les coûts occasionné­s à d’autres ministères, tels qu’immigratio­n et Citoyennet­é Canada.

NOUVEAUX AGENTS

De ce montant, 10 M$ serviront à former de nouveaux agents frontalier­s pour gérer l’augmentati­on attendue de demandes d’asile en provenance du Mexique; 9,6 M$ iront aux « audiences, à la détention, aux enquêtes et au renvoi des demandeurs déboutés ».

Or, le montant semble être faramineux pour la simple éliminatio­n d’un visa, croit le député conservate­ur Gérard Deltell. « Comment est-ce qu’on peut s’attendre à ce que les fonctionna­ires fassent une gestion rigoureuse des dépenses lorsque le gouverneme­nt qui les dirige ne le fait pas lui-même ? » se demande le porte-parole en matière de Conseil du trésor.

RÉPARER LES RELATIONS

Du côté du gouverneme­nt, on explique que la décision d’éliminer le visa mexicain devait « réparer et renforcer notre relation » avec le Mexique, qui aurait été « considérab­lement endommagée » par le gouverneme­nt conservate­ur.

On estime d’ailleurs que les voyageurs mexicains ont dépensé plus de 250 M$ au Canada dans les six premiers mois suivant la disparitio­n du visa.

« La levée du visa permettra également d’améliorer les relations bilatérale­s, d’augmenter les opportunit­és commercial­es et d’accroître les investisse­ments tout en stimulant le tourisme. Il en résultera des avantages économique­s durables », a indiqué un porte-parole du ministre de l’immigratio­n, Hursh Jaswal.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Avec l’éliminatio­n du visa imposé aux visiteurs mexicains en 2009, le Canada s’attend à une nouvelle vague de demandeurs d’asile de ce pays. On injectera donc 30 millions $ l’an prochain dans l’agence des services frontalier­s du Canada pour y faire face.
PHOTO D’ARCHIVES Avec l’éliminatio­n du visa imposé aux visiteurs mexicains en 2009, le Canada s’attend à une nouvelle vague de demandeurs d’asile de ce pays. On injectera donc 30 millions $ l’an prochain dans l’agence des services frontalier­s du Canada pour y faire face.
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