Des partys chaque soir
Des villageois se relaient pour organiser des veillées « comme dans le temps »
SAINT-JOSEPH-DEKAMOURASKA | Des enfants qui courent, des femmes qui bercent des bébés, des bottes partout dans l’entrée et un violoniste accompagné de quelqu’un qui tape sur un plat en guise de percussion. Chaque soir de décembre, des citoyens différents d’un petit village tiennent une veillée.
Saint-joseph-de-kamouraska, qui compte 400 âmes au Bas-saintLaurent, est peut-être la paroisse qui représente le mieux l’esprit de Noël.
Presque chaque soir entre le 1er et le 20 décembre, un résident différent tient une soirée où tous les habitants sont conviés. Jeudi soir, Le Journal a pu assister à la soirée donnée par Frédéric Toner, 86 ans. Une quarantaine de citoyens, soit 10 % du village, y étaient. Seule règle : aucun repas n’est servi. Les visiteurs apportent leur boisson s’ils le souhaitent et la soirée se termine à 19 h 30.
NOUVELLES AMITIÉS
« On habite dans un rang et on ne se voisine pas beaucoup. J’ai pu rencontrer plein de nouvelles personnes lors des soirées. Chaque soir, du nouveau monde arrive », dit Cindy Garneau, qui a démarré le mouvement au début du mois. Elle s’est inspirée d’une artiste montréalaise, Patsy Van Roost, qui a lancé l’initiative dans un quartier de Montréal, s’étant elle-même inspirée d’une tradition suisse.
« Je trouvais que c’était bon pour la santé mentale d’un village », mentionne Cindy Garneau, qui a participé à toutes les soirées sauf une.
Les veillées se suivent et se ressemblent, mais ne sont jamais ennuyantes. Parfois, les participants allument un feu dehors, les enfants jouent dans les chambres de leurs amis ou à l’extérieur, certains jouent de la musique, d’autres servent un vin chaud. Tous disent avoir développé des affinités et créé des liens avec des gens qu’ils connaissaient à peine.
« On est un petit village, mais on ne se connaît pas tous. Les gens des rangs se font des idées sur des gens du village. Ça a permis de démystifier ça », souligne François Gerardin.
Michel-ange Nicolas, qui a accueilli ses voisins au début du mois, traînait un peu pour venir à la veillée le soir de notre passage jeudi, mais son fils de 11 ans, Enkeli, l’a supplié.
« Les enfants se voient à l’école, mais pas toujours dans leurs maisons. Ici, ils peuvent parler fort et courir. C’est la fête un petit peu tous les soirs », ditil, en riant, ajoutant qu’il ne regrettait pas d’être venu à la soirée.
MOMENTS MAGIQUES
Plusieurs prévoient se revoir pour un souper en dehors du temps des Fêtes. « J’ai fait la connaissance d’un couple que je connaissais moins personnellement. Des affinités se sont développées. Après quelques rencontres, je leur ai offert de garder leur chien lors de leurs sorties à l’extérieur de la région », raconte Marie-ève Gagnon, une mère de famille qui a pris part à plusieurs veillées.
Elle s’est aussi dite touchée de voir que les veillées rejoignaient toutes les générations. « La joie de voir monsieur Frédéric Toner, 86 ans, assis par terre avec un papa dans la fin trentaine et son bébé d’une dizaine de mois, c’est tout simplement magique », dit Mme Gagnon.