Affaire Sicotte : le droit à la ouate ?
Ainsi, l’ombudsman de RadioCanada en est venu à la conclusion que le reportage en forme d’accusation consacré à Gilbert Sicotte était conforme aux règles du journalisme.
Celui qui l’a réalisé n’aurait au fond rien à se reprocher. Il y a de quoi s’étouffer et se poser des questions sur les fameuses pratiques journalistiques qui sont fièrement revendiquées.
BÊTISE
Heureusement, le commun des mortels demeure en droit de croire que ce reportage était d’une insondable bêtise. Voyons néanmoins de quoi il était symptomatique.
On s’en souvient, Gilbert Sicotte a été accusé d’être un professeur trop exigeant.
On l’a accusé de brutalité, de harcèlement, de sévérité excessive. Sicotte était coupable de secouer moralement ses élèves plutôt que de les cajoler.
Faut-il s’en surprendre dans une société ouatée qui est de moins en moins capable de comprendre que la vie n’est pas toujours lisse et que les expériences formatrices nous obligent à sortir de notre zone de confort ?
Derrière le droit au bonheur, au confort, n’y a-t-il pas quelque chose comme une immense paresse, qui s’accompagne du ramollissement des caractères ? Faut-il vraiment faire du cocooning à temps plein un droit de l’homme ? On le voit de mille manières. Dans les débats publics, on minaude, on se vautre dans l’insignifiance avec des arguments émoussés, mais dès qu’on est mis en difficulté, on fait la victime et on joue à l’insulté.
On le voit dans l’humour : la moindre blague peut faire scandale et susciter un tollé.
SURPROTECTION
On le voit dans la vie quotidienne : on exige un environnement soumis à une folie hygiéniste au point de proscrire la cigarette sur une scène de théâtre.
De la même manière, on surprotège les enfants, en les condamnant à un environnement de plus en plus aseptisé.
Un monde un peu plus rude ne serait pas mauvais : il aiderait à former le caractère.